Zine Haddadi
Les récentes déclarations incendiaires de Louis Sarkozy, fils de l’ancien président français, contre l’Algérie ont révélé la politique de deux poids, deux mesures du gouvernement français, notamment de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur.
Le fils de l’ancien président français Nicolas Sarkozy s’est joint à la meute haineuse qui s’est dressée contre l’Algérie ces dernières semaines en France. Louis Sarkozy a fait fort dans la surenchère anti-algérienne, allant même plus loin que les pires voix de l’extrême droite. «Si j’étais aux manettes et que l’Algérie arrêtait Sansal, je brûlerais l’ambassade, je stopperais tous les visas, j’augmenterais de 150% les tarifs douaniers», a ainsi déclaré le rejeton de l’ancien président français. Si les déclarations sur l’augmentation des tarifs douaniers ou sur la suspension des visas relèvent du cadre de l’habituel et fait partie des arguments brandis par l’extrême droite, c’est l’appel à la violence contre l’ambassade d’Algérie qui sort de l’ordinaire.
Le deux poids, deux mesures de Bruno Retailleau
Bizarrement, cet appel explicite à la violence n’a pas suscité de réactions officielles ni de condamnations dans les médias. La différence est dans le traitement avec l’affaire de l’influenceur Doualemn dont l’expulsion avait été prononcée pour des faits relativement similaires avant d’être rejetée par la justice française. Bruno Retailleau, premier flic de France, avait fait du dossier de l’influenceur Doualemn une affaire personnelle, multipliant les plateaux médiatiques pour prôner la fermeté des autorités françaises face aux appels à la violence. Or, l’appel à incendier l’ambassade d’un pays souverain n’a pas fait bouger le ministre français de l’Intérieur, même pas sur le réseau social X où il est très actif en ce moment, lui qui est en campagne pour prendre la présidence du parti Les Républicains pour se positionner en vue de la présidentielle de 2027. Une différence flagrante dans le traitement de la part de Bruno Retailleau autrefois si prompt à réagir quand les dossiers vont dans le sens de sa logique hostile à l’Algérie, mais quand les déclarations incendiaires proviennent de ce qu’on pourrait qualifier de son camp, c’est silence radio.
Une plainte déposée contre Louis Sarkozy au parquet de Paris
De toute manière, le dérapage de Louis Sarkozy lui a valu des poursuites judiciaires. L’avocat du barreau parisien, Me Nabil Boudi, a annoncé sur le réseau social X le dépôt d’une plainte auprès du parquet de Paris contre le fils de l’ancien président Nicolas Sarkozy. «Le parquet contre la haine en ligne de Paris vient d’être saisi par mon cabinet», a-t-il écrit sur X. Me Nabil Boudi a justement relevé l’inaction du ministre de l’Intérieur français Bruno Retailleau. «Espérons que Monsieur Retailleau soit aussi réactif qu’avec les tiktokeurs», a-t-il ajouté.
La plainte déposée par Me Boudi a fait suite à l’action lancée par l’association «Union algérienne». «L’avocat Nabil Boudi dépose une plainte en notre nom contre Louis Sarkozy pour ses propos incitant à brûler l’ambassade en évoquant ses ‘‘mesures’’ contre l’Algérie», a écrit l’association sur son compte officiel sur le réseau social X. En attendant que Retailleau condamne ou réagisse aux déclarations du fils de son ami Sarkozy, la justice française est saisie. Louis Sarkozy, poursuivi pour «provocation aux crimes et délits» encourt jusqu’à 5 ans de prison et 45 000 euros d’amende pour son appel à incendier l’ambassade d’Algérie en France. Les déclarations très graves prononcées par Louis Sarkozy ne sont qu’un pas de plus dans la surenchère des discours hostiles à l’Algérie dans le paysage médiatique français. Du côté de la droite et de l’extrême droite, la relation entre la France et l’Algérie est perçue à partir d’une logique de rapport de force. L’Algérie est un sujet qui assure le buzz à chaque déclaration. Du coup, la palme revient à celui qui pousse le bouchon plus loin que son camarade. A ce jeu, Louis Sarkozy a peut-être poussé le bouchon plus loin jusqu’au couloir du palais de justice où il devrait comparaître pour répondre de ses déclarations appelant à la violence. Le petit Sarkozy avait appelé il y a quelques mois à tuer tous les habitants de Ghaza…