Par M. Mansour
La situation ne cesse de se compliquer, une semaine après le début de la grève des étudiants en sciences médicales. La contestation demeure vive, malgré les annonces faites samedi par le ministre de l’Enseignement supérieur. Loin d’apaiser les tensions, les mesures annoncées hier n’ont fait qu’aggraver la fracture entre étudiants et tutelle, dans un contexte où l’éventualité d’une entrée en grève des médecins résidents, et potentiellement des maîtres-assistants, se précise de plus en plus.
Les tensions ont considérablement augmenté hier suite à l’annonce du ministre de l’Enseignement supérieur, Kamel Baddari, concernant la mise en œuvre de mesures décidées lors de la réunion d’urgence de samedi, qui a rassemblé les représentants des étudiants et le ministre. A l’issue de cette rencontre, le département de Baddari a envoyé, lundi soir, des courriers aux établissements universitaires afin d’activer les indemnités financières destinées aux stages pratiques en milieu professionnel, en particulier dans les hôpitaux, pour les étudiants en sciences médicales en dernière année d’études, conformément aux articles 10 et 11 du décret exécutif n°13-306.
Ainsi, pour un stage effectué à moins de 50 kilomètres de leur résidence, les étudiants percevront 500 DA par jour pour un repas. Par contre, si le stage se déroule à plus de 50 km, l’étudiant percevra un montant total de 2200 DA, dont 1000 DA pour deux repas et 1200 DA pour une nuitée d’hébergement. En cas d’hébergement fourni par l’organisme d’accueil, l’étudiant ne recevra que 1000 DA pour les repas.
De plus, le ministre a demandé aux établissements universitaires d’acquérir des kits pédagogiques pour les étudiants en troisième année de médecine dentaire. Il a également précisé que ces mesures couvriront les mois d’octobre, novembre et décembre 2024, dans la limite des ressources disponibles, et que le processus se poursuivra à partir de l’année budgétaire prochaine.
Des mesures qui ne conviennent pas
Il est manifeste que les annonces n’ont pas été bien accueillies par les étudiants, qui les jugent décalées par rapport à leurs revendications prioritaires. De plus, ces mesures ont été largement critiquées en raison de leur anachronisme, puisque le décret exécutif a été promulgué en 2013. Depuis lors, l’inflation a modifié la donne, rendant certaines de ces dispositions moins pertinentes. Bien que la mise en œuvre de ce décret vise à apaiser une situation de plus en plus complexe, les résultats obtenus pourraient ne pas répondre aux attentes.
En fait, les étudiants persistent à demander des engagements écrits de la part du ministre, en mettant l’accent sur la nécessité de réponses concrètes à des problématiques essentielles telles que l’authentification des diplômes, la question des bourses, et la situation précaire des internes. Ils soulignent également l’importance de toutes leurs revendications pédagogiques, ainsi que celles relatives au fonctionnement du système d’enseignement supérieur. «Nous ne l’avons pas appelée ‘‘la grève de la dignité’’ pour céder à des promesses sans substance», déclarent avec fermeté des étudiants.
Un mouvement qui va en s’amplifiant
La situation, déjà délicate, semble sur le point de se détériorer davantage dans les heures à venir. En effet, des sources révèlent que les médecins résidents envisagent sérieusement de rejoindre le mouvement de protestation dans les prochaines heures. Des discussions approfondies se tiennent actuellement pour évaluer les avantages et les inconvénients d’une telle initiative, souligne-t-on.
Par ailleurs, des informations indiquent que cette dynamique pourrait être rejointe par les assistants et maîtres-assistants, ce qui risquerait de paralyser les établissements hospitaliers. Des actions de ce type sont d’ores et déjà annoncées dans des hôpitaux à Sétif, Oran et Annaba, où les résidents en chimie thérapeutique ont boycotté leur examen final du Diplôme d’études médicales spéciales (DEMS).
Si cette mobilisation continue de croître, elle pourrait entraîner l’intervention de plusieurs ministères, notamment ceux de l’Enseignement supérieur, de la Santé, du Travail, et potentiellement celui des Finances. Une démarche qui semble de plus en plus nécessaire pour trouver des solutions à la crise actuelle et répondre aux préoccupations pressantes des étudiants et des professionnels de la santé.