Mali : lancement d’une consultation contestée

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Mali

/Les autorités maliennes dominées par les militaires ont lancé hier des consultations nationales censées constituer le préalable à des élections et un retour des civils au pouvoir, repoussés sine die malgré les pressions internationales.

Ces Assises nationales de la refondation, présentées par les autorités comme un moment crucial de la transition ouverte après le putsch de 2020 mais boycottées par de nombreuses organisations, se sont ouvertes au niveau local. Elles doivent durer deux jours dans les communes dites « de l’intérieur », c’est-à-dire en dehors de Bamako, a dit Diarra Raky Talla, un vice-président du Conseil national de la transition (CNT), qui tient lieu d’organe législatif. Les Assises des différentes communes de Bamako sont programmées pour deux jours à partir du 22 décembre. Le processus sera parachevé du 27 au 30 décembre par des assises nationales. Ces consultations sont supposées accoucher de recommandations en vue de réformes destinées à remédier aux maux du pays pris dans la tourmente depuis le déclenchement d’insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012. Elles s’ouvrent à la veille d’un sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). La Cédéao, qui a suspendu le Mali de ses organes de décision et qui a infligé des sanctions individuelles aux membres de la junte, doit à nouveau examiner la situation politique. Elle a brandi lors d’un précédent sommet la menace de sanctions supplémentaires en l’absence de calendrier électoral.   Le Mali a été le théâtre de deux coups d’Etat militaires en moins d’un an en août 2020 et mai 2021. Les militaires s’étaient engagés sous la pression de la Cédéao, médiatrice, et d’une partie de la communauté internationale, à remettre le pouvoir aux civils après des élections présidentielle et législatives programmées en février 2022. Mais les autorités ont finalement notifié à la Cédéao être dans l’incapacité de respecter le calendrier convenu.

« Clanisme »

Le gouvernement invoque l’insécurité persistante dans ce pays pauvre et enclavé, livré depuis 2012 aux agissements de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique, et aux violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d’autodéfense et des bandits. Les forces régulières sont elles-mêmes accusées d’exactions. Le Premier ministre installé par la junte, Choguel Kokalla Maïga, insiste sur la tenue des Assises préalablement aux élections. Il affirme la nécessité de ne pas rééditer les erreurs du passé et de tenir des élections ne prêtant pas à la contestation. Le Mali a déjà connu de telles consultations nationales par le passé. C’est l’un des griefs des organisations qui ont décidé de ne pas y prendre part, avec la demande que les élections aient lieu rapidement et avec les critiques contre l’absence de véritable concertation. Le Cadre d’échange, réunion de plusieurs partis et regroupements de partis, dont ceux de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé en août 2020, et de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, a refusé que le délai de la transition soit lié aux Assises. D’autres acteurs importants, au sein d’un Cadre stratégique permanent (CSP), ont prévenu vendredi que les conclusions des Assises ne les engageraient « nullement ». Le Cadre réunit des groupes armés signataires en 2015 de l’accord d’Alger, considéré comme crucial pour stabiliser le pays. Une association de soutien à l’imam Mahmoud Dicko, figure tutélaire des protestations qui s’étaient achevées avec le putsch de 2020, a aussi appelé au boycott. Le CSP et l’association disent avoir été écartés de la concertation. L’accord d’Alger a été relégué « au dernier plan », affirme le CSP. Les autorités s’adonnent de plus en plus au « clanisme », affirme l’association de soutien à l’imam Dicko.

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