Alors que l’on croyait le malentendu avec l’Algérie définitivement réglé, voilà que les autorités de transition au Mali viennent de relancer la polémique, cette fois-ci autour d’une prétendue initiative sur le Mali au sommet des pays non-alignés à Kampala, soulignant la nécessité du retour à l’accord de paix et de réconciliation au Mali. Ce qui a nécessité un démenti catégorique de l’Algérie.
PAR AMAR R.
L’Algérie a apporté un démenti catégorique face aux « allégations mensongères diffusées par un prétendu site de l’Alliance des Etats du Sahel qui a relayé des allégations dénuées de tout fondement attribuant de manière mensongère » à l’Algérie une initiative sur le Mali à l’occasion du sommet des pays non-alignés se tenant à Kampala. Selon ce site, l’Algérie aurait introduit dans le document final du sommet des dispositions se rapportant à l’accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, indique le communiqué du ministère des affaires étrangères.
« La délégation algérienne dément formellement avoir pris une telle initiative », ajoute le département de Attaf, en soutenant que « tout ce que le document final de Kampala comprend comme langage à propos de la crise malienne a été adopté depuis
la réunion ministérielle de Baku du mouvement des pays non-alignés (PNA) ». Et de
conclure que « ce langage appartient en propre au mouvement des non-alignés, et
l’Algérie n’est intervenue à aucun moment dans sa formulation ».
Une série de démentis
Ce communiqué du ministère des affaires étrangères est en fait le troisième que l’Algérie publie en réponse à de « fausses informations » que des parties maliennes ont colportées sciemment dans le but de nuire aux relations algéro-maliennes, subséquemment à la réception accordée par Abdelmadjid Tebboune à l’imam Dicko, un des acteurs du mouvement contre le président Goïta, aujourd’hui hostile au prolongement du mandat illégal de la transition au Mali.
Egalement, le ministre des affaires étrangères Ahmed Attaf a convoqué l’ambassadeur du Mali à Alger pour lui rappeler le rejet par l’Algérie de l’ingérence étrangère mais aussi des interventions dans les pays souverains, dont la Mali. M. Attaf a rappelé au diplomate malien accrédité à Alger l’attachement intransgressible de l’Algérie à l’intégrité territoriale, à la souveraineté et à l’unité nationale du Mali. Il a aussi exprimé la profonde conviction que la voie pacifique, à l’exclusion de toute autre, est la seule apte à garantir au Mali la paix, la sécurité et la stabilité de manière irréversible et durable. Le conseil de sécurité réaffirme le caractère central de l’accord d’Alger
Dans ce sillage, le conseil de sécurité de l’ONU a réaffirmé le caractère central de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali de 2015, issu du processus d’Alger. Dans un communiqué, le conseil de sécurité a exhorté « toutes les parties signataires à reprendre le dialogue et à s’engager dans la mise en œuvre de l’accord pour garantir la paix et la stabilité au Mali ». Cependant, les autorités de transition au Mali ne veulent pas l’entendre de cette oreille. Le chef de la junte militaire au pouvoir a annoncé la mise en place d’un dialogue direct inter-malien, pour supplanter le processus de paix et de réconciliation en
vigueur depuis 2015, par une version locale dans laquelle seront engagés des participants qu’il aura lui-même choisis et dont seront exclus les rebelles touareg.
Mais la réplique des groupes touareg ne tardera pas à se manifester par le rejet de ce qu’ils considèrent comme un « simulacre de dialogue » et « une façon de prononcer la caducité définitive de l’accord et de mettre la médiation internationale à la porte », comme l’a déclaré Mohamed Elmaouloud Ramadane, un porte-parole de la rébellion targuie.
Un début de retour à la normale
Cet échec annoncé du dialogue ad hoc lancé par la junte à Bamako l’a incité à revenir à la voie diplomatique, notamment pour le retour à la normale de la relation avec l’Algérie. Ce qui a connu un début d’application avec le retour des ambassadeurs à leurs postes, confirmé par la rencontre entre les chefs la diplomatie des deux pays en marge du sommet des non-alignés à Kampala. Le colonel Assimi Goita était même annoncé à Alger. Et ce, avant que n’intervienne ce communiqué des autorités de transition au Mali qui exprime de « fortes réserves » sur le document final du sommet du 19e sommet du MNA, en lien avec l’accord pour la paix et la réconciliation et qu’ils considèrent comme « totalement en déphasage » avec « la réalité du terrain » et avec « la réalité dans notre pays ».
Pourtant, le président entrant du MNA, le chef de l’Etat de l’Ouganda, aurait assuré que les réserves du Mali seront prises en compte et citées dans les minutes du sommet. Il aurait également promis que ce chapitre sera retiré lors du prochain sommet.
A. R.