Massacres du 17 octobre 1961: «Des crimes inexcusables pour la République», selon Macron

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Tebboune Macron

Attendu sur la question mémorielle qu’offre l’occasion de la célébration des tragiques événements du 17 octobre 1961, le président français s’est contenté d’un smic diplomatique en évoquant la colonisation, sans trop franchir le pas pour aller vers une reconnaissance officielle des crimes d’Etat dont ceux de 1961 sont le parfait exemple de l’hideuse face de la colonisation.

«Des crimes inexcusables», a tweeté, hier lundi 17 octobre, le président français Emmanuel Macron, pour, ont estimé les médias français, dénoncer ces événements tragiques qui a coûté la vie à des centaines d’Algériens à Paris.

Le propos du chef de l’Etat français attendu pour aller plus loin que ses prédécesseurs et plus loin que ses déclarations à Alger alors qu’il était encore candidat à la succession de Nicolas Sarkozy, où il ouvrait des perspectives pour une réconciliation historique à même d’apaiser la relation entre les deux pays – relation minée souvent par son aspect passionnel et passionné qui a toujours fonctionné comme un baromètre qui a déterminé le «sens du vent» de cette relation. Trop d’espoirs ont été nourris avec ce président jeune, qui n’a pas connu la guerre de libération, s’est-il souvent évertué à clamer, à juste titre d’ailleurs, qui allait apurer ce lourd passif qui demeure par-delà la France officielle qui reste, politiquement, frileuse à assumer son passé colonial, un fonds de commerce d’un grand pan de la classe politique française, souvent nostalgique d’un passé impérial glorieux, dont plusieurs pays portent encore les stigmates de cette honteuse période estampillée «mission civilisatrice» pour déguiser une colonisation de peuplement.

En 2021, le président Emmanuel Macron avait reconnu une vérité incontestable lors de la cérémonie officielle pour les 60 ans du massacre. Une année après, la position française n’a pas évolué pour autant, malgré les déclarations d’intention et les vœux de «solder» cette question qui continue de servir de «pendule» pour la conduite de cette relation qui évolue, jusqu’à maintenant, en dents de scie.

«Une tragédie longtemps tue»

«Cette tragédie fut longtemps tue, déniée ou occultée», écrit la présidence française dans son message, qui qualifie cette soirée du 17 octobre 1961 de «répression sanglante». «Les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République», lit-on dans le communiqué de l’Élysée. Par-delà la rhétorique dont est connue pour être riche la langue française, cette déclaration se limite à l’affreux constat de la sanglante répression que rien, de l’aveu des responsables français, y compris du président Macron, ne justifiait. Sans plus. Comme si la France officielle continue de se comporter selon des contingences dictées par le poids – électoral aussi – des nostalgiques de l’Algérie française qui continue de peser sur les décisions en lien avec le peu glorieux passé historique de la France. La preuve : elle a reconnu puis honoré les harkis, avec, l’année dernière, un digne cérémonial organisé par la présidence de M. Macron.

«La France regarde toute son histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies. Les crimes commis la nuit du 17 octobre 1961, sous l’autorité de Maurice Papon, sont inexcusables pour la République. Aux victimes, nous rendons aujourd’hui hommage.» Un propos qui participe de la même logique qui, à voir de plus près, contourne la véritable question que l’Elysée tente de noyer dans la même «cause» les victimes des deux côtés. Une nuance qui en dit long sur l’état d’esprit de la France officielle, qui, soixante ans après l’indépendance de l’Algérie, n’arrive toujours pas à se défaire de son complexe né de sa débâcle de Dien Bien Phu et de la déroute de sa grande armée en Algérie où des fellagas sont venus à bout d’une puissance.

En définitive, est-il peut-être plausible de croire qu’il est plus difficile pour la France de reconnaître ses crimes coloniaux et subséquemment reconnaître, implicitement, avoir perdu la bataille. Là, réside la grande hantise de la France.

D. B.