Le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique, a insisté sur la nécessité de rester attentif et prudent face à la menace d’une 4e vague.
Alors que le nombre de nouveaux cas de contamination de Covid 19 ne cesse de régresser entrainant un certain relâchement dans le respect du protocole sanitaire, Lyes Merabet recommande aux
Algériens de « rester prudents pour éviter de retomber dans le scénario de la 3e vague qui nous a frappés de plein fouet entre mi juin et fin août. L’hiver approche à grands pas et il est connu que cette période est synonyme de prolifération de viroses qui, avec la chute de température, constitue un facteur à risque. La Covid-19 est encore parmi nous et il faut continuer à se protéger à travers l’application des gestes barrières. »
Pour ce qui est de la vaccination anti Covid-19, le syndicaliste est peu optimiste. « La campagne de vaccination lancée par les autorités est loin d’atteindre les objectifs visés, à savoir 70% de la population vaccinée d’ici la fin de l’année. Nous ne sommes actuellement qu’à 15% et cela à cause de la non adhésion des citoyens. En effet, malgré la gratuité du vaccin et sa disponibilité dans des centres de proximité, les citoyens demeurent réticents à cause des fausses informations auxquelles
les autorités ont tardé à mettre un terme. Nos efforts doivent être tournés maintenant vers la sensibilisation, seul moyen selon moi d’aller vers l’immunité collective », a déclaré le médecin.
Nécessité d’un bilan financier pour la prise en charge du cancer
Concernant les derniers chiffres relatifs au cancer en Algérie, des chiffres alarmants dévoilés mardi dernier (65.000 nouveaux cas depuis le début de l’année 2021), Dr Lyès Merabet a estimé que la propagation de cette maladie au sein de la population résulte du manque de sensibilisation.
« Les causes du cancer sont connues aujourd’hui de tous et il faut dire que concrètement rien n’a été fait en matière de sensibilisation. Il y a des types de cancers très fréquents chez nous et nous disposons d’assez de données pour empêcher l’apparition de milliers de nouveaux cas chaque année », a-t-il dit. Pour ce qui est de la réactivation du fonds national de la lutte anti cancer, notre interlocuteur a indiqué qu’il aurait été préférable de dresser un bilan financier du fonds national anti cancer avant sa réactivation. « Des sommes importantes ont été injectées sur ce fonds sans pour autant qu’il y ait des résultats sur le terrain.
Les chiffres sont les mêmes et cela depuis plus d’une dizaine d’années. Il aurait été plus judicieux de dresser le bilan du fonds avant de le réactiver et de redéfinir ses objectifs qui ne sont plus ceux visées en 2012″, a affirmé le syndicaliste.
Aussi, le médecin n’a pas manqué de saluer « le sens de responsabilité » du ministre de la Santé qui a reconnu la dégradation de la qualité de la prise en charge des personnes atteintes de cancer.
« A cause de la pandémie, tout a été relégué au second plan, y compris le traitement de pathologies lourdes. Reconnaitre ses torts est un signe de responsabilité professionnelle. Cependant, il est nécessaire de s’atteler aux véritables problèmes de la prise en charge du cancer comme celui de la maintenance des réacteurs et la disponibilité des traitements », a-t-il affirmé.
Un statut particulier pour une véritable justice sociale
S’agissant du statut particulier revendiqué pour les travailleurs du secteur de la santé, le président du SNPSP a indiqué que son secteur souffre de nombreuses insuffisances en raison de ses spécifiés.
« Le secteur de la santé est très différent des autres secteurs de la fonction publiques. Nous sommes sur les premiers rangs en cas d’épidémie et aussi en cas de force majeure. Nous sommes aussi tenus d’assurer une permanence h24. Je pense qu’il est important d’installer un certain équilibre dans la fonction et offrir aux praticiens de la santé une justice sociale et aller aussi vers la concrétisation des acquis », a déclaré Lyes Merabet. Pour ce qui est des acquis notre interlocuteur fait référence à la réduction de l’IRG et l’augmentation des points indiciaires pour les travailleurs de la fonction publique annoncées par le dernier conseil des ministres.
W. S.