Métaux critiques et stratégiques : Cap sur l’industrie de transformation

0
1254

Par Abdellah. B

 

L’Algérie regorge d’importantes potentialités minières, notamment les métaux critiques, stratégiques et les terres rares, mais l’exploitation de certains de ces minerais est frappée du sceau de l’«interdiction».

 

Quel motif justifie une telle décision au moment où la demande sur ces minerais explose au niveau international ? Face aux interrogations suscitées par cette approche, le président de la République a apporté une réponse assez logique pour expliquer sa démarche en faveur de la restriction de l’exploitation de ces ressources pour le moment.

En vérité, l’Algérie compte faire de l’industrie de transformation son nouveau cheval de bataille pour libérer le pays de l’emprise des hydrocarbures. Une nouvelle voie est tracée pour la diversification de l’économie du pays à travers une exploitation rationnelle et prudente des richesses minières pour renforcer les exportations hors hydrocarbures et créer de la valeur ajoutée.

S’exprimant sur ce dossier stratégique, le président de la République juge que l’exploitation de certains minerais et métaux critiques et stratégiques en l’absence d’une véritable industrie de transformation est synonyme de gaspillage d’une richesse inestimable et non renouvelable. «Le pays exploite les richesses minières dont nous avons les capacités de transformer en produits finis pour en tirer pleinement profit», précise-t-il. Autrement dit, les efforts seront orientés vers les filières minières où l’Algérie dispose déjà d’une expérience et d’un savoir-faire avéré pour booster certaines activités, notamment dans la filière du phosphate. «Le phosphate est aujourd’hui un élément essentiel dans l’équation de la sécurité alimentaire mondiale. Nous allons développer la chaîne de valeur de cette filière stratégique qui devrait jouer un rôle dans la diversification des exportations du pays», a indiqué le Président.

Outre le phosphate, l’Algérie a également mis en valeur l’un des gisements de minerai de fer les plus importants dans le monde, Gara Djebilet en l’occurrence, qui connaît aujourd’hui des travaux de préparation de la mine et le développement d’une industrie de transformation à travers plusieurs unités de traitement dans plusieurs régions du pays. Un autre projet est en cours d’étude, à savoir l’exploration de lithium dans le Grand Sud avec les Chinois qui devrait servir de matière première pour la future usine de batteries électriques qui sera mise en place prochainement. Pour ce qui est de l’uranium, son utilisation reste limitée aux domaines médical et civil. A cet effet, le président de la République affirme que l’Algérie n’a aucunement l’intention d’exploiter à grande échelle cette richesse sans la mise en place d’une infrastructure adéquate. «Aujourd’hui, on est 3 à 5% d’enrichissement d’uranium destiné à l’activité médicale et civile, sans plus» explique-t-il.

 

Raffinage

En parallèle, avec le développement de l’industrie de transformation dans le secteur des mines, l’Algérie ne renonce pas à l’exploitation et la valorisation des réserves en hydrocarbures. Selon le président de la République, la même politique est adoptée dans ce secteur stratégique qui est aujourd’hui la principale source de devises. L’industrie des hydrocarbures figure aujourd’hui en tête des priorités. Elle bénéficie d’importants programmes de développement. La transformation de la matière première sur le marché local est l’objectif phare de la Sonatrach qui vise un taux de 53% de transformation du pétrole brut. C’est dans cette optique que le développement de la filière pétrochimique figure en tête des priorités du groupe public Sonatrach pour les années à venir. «De grandes avancées sont enregistrées dans ce domaine. Nous avons déjà mis fin aux importations de l’essence et l’année prochaine, aucun litre de gasoil ne sera importé, et ce, grâce aux projets de développement engagés par l’Etat dans l’industrie des hydrocarbures», révèle-t-il.

Enfin, dans le secteur des mines ou celui des hydrocarbures, l’Algérie table sur une industrie de transformation de la matière première à grande échelle pour tirer le maximum de profit de ses richesses naturelles. Une manière de diversifier la production et les exportations pour se mettre à l’abri face à d’éventuelles secousses du marché pétrolier. «Nous n’allons pas rester prisonniers des cours du pétrole, l’industrie de transformation est une voie nécessaire à suivre pour se mettre à l’abri», a-t-il souligné.