«Les milieux économiques français, tout comme la France officielle à travers son ministère des Affaires étrangères, veulent une relation apaisée avec l’Algérie», nous a affirmé hier le président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF), Michel Bisac, fustigeant en ce sens l’attitude imprudente d’une partie de la classe politique en Hexagone qui, portée, selon lui, par des motivations strictement électoralistes, tiennent un discours hostile à l’Algérie. Un discours qui va à l’encontre des relations étroites que partagent les deux pays, souligne notre interlocuteur, en assurant toutefois que «jusqu’ici, les tensions politiques entre l’Algérie et la France n’ont pas d’impact direct sur les échanges commerciaux et économiques bilatéraux». Pour autant, reconnaît-t-il, l’inquiétude se fait effectivement ressentir au sein des milieux économiques français, au vu de la tournure que prennent actuellement les relations politiques entre les deux pays et qui est surtout le fait, estime-t-il, «de certains va-t-en-guerre de droite ou d’extrême droite», alors que les chefs d’entreprises et les autorités officielles veulent aller vers l’apaisement. «Ce que disent aujourd’hui le MAE et la communauté des affaires en France, c’est calmons les choses…», assure notre interlocuteur, en relevant toutefois que «les chefs d’entreprises ont naturellement peur de ce qui pourrait se préparer en 2025». Selon lui, il est plus que jamais nécessaire de «séparer l’importance de la coopération commerciale et économique entre les deux pays et l’état d’hystérie totale et de surenchère que nourrissent actuellement certains politiques en France quant à la gestion des relations avec l’Algérie». Il est vrai, avance-t-il, que «les chefs d’entreprises français se posent aujourd’hui quelques questions, mais ils veulent surtout une relation plus calme entre les deux pays». Dans les faits, ajoute-t-il, il y a surtout des «surinterprétations» quant à l’état des relations politiques qui prévaut actuellement, mais dans la pratique, «il n’y a aucune instruction écrite ou blocage en Algérie pour ce qui est des échanges commerciaux et économiques bilatéraux». Les seules difficultés qui sont parfois évoquées par les opérateurs français sont celles habituelles qui pouvaient déjà exister avant les tensions politiques actuelles et qui sont liées surtout aux nouvelles procédures de régulation et de rationalisation des importations, mises en place par les autorités algériennes pour protéger la production locale, nous explique le président de la CCIAF.
«Ouvrir le marché européen aux produits algériens»
A ce jour, nous affirme-t-il, les entreprises françaises continuent à vouloir commercer et investir sur le marché algérien au vu de sa proximité géographique avec la France et des nombreux avantages comparatifs qu’il offre pour l’investissement. «On ne peut pas tout jeter comme ça», tranche-t-il en définitive, en mettant surtout en avant l’importante communauté algérienne présente et «bien intégrée» en France, ainsi que les quelque 6000 entreprises françaises qui depuis des années entretiennent des relations économiques et commerciales régulières avec l’Algérie. Actuellement, conclut-il, les échanges commerciaux algéro-français avoisinent les 13 milliards d’euros, la France continue à figurer au Top cinq des principaux pays qui investissent en Algérie et aucune des entreprises françaises présentes sur le marché algérien n’envisage de le quitter. Interrogé au demeurant sur les éventuelles attentes de la communauté d’affaires française quant au processus engagé de révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE), le président de la CCIAF nous a assuré que «ce qui serait important pour nos entreprises en Algérie est que cet accord puisse enfin ouvrir le marché européen aux produits algériens et que, dans l’autre sens, cela favorise les investissements européens sur le marché algérien».