Par S. Ould Ali
Les ministères de la Santé et de l’Education nationale ont récemment lancé une alerte au sujet d’un nouveau phénomène viral sur les réseaux sociaux, nommé «Challenge paracétamol». Ce défi pousse des adolescents à ingérer un grand nombre de comprimés de cet antalgique, le «gagnant» étant celui qui parvient à tenir le plus longtemps. «Le ministère de la Santé met en garde contre les risques potentiels liés à la consommation excessive du médicament Doliprane (substance paracétamol) suite à la propagation (du) défi (….) Le ministère affirme que ces pratiques représentent une menace réelle pour la santé publique en raison des effets pouvant entraîner de graves complications sanitaires aux conséquences dramatiques», avertit le département de Abdelhak Saïhi. Une circulaire a ainsi été adressée aux Directeurs de la santé des wilayas appelant à la plus grande vigilance et à l’intensification les efforts de prévention et de sensibilisation, notamment en milieu scolaire. Le ministère, qui insiste sur la nécessaire sensibilisation des parents, «invite les pharmaciens à redoubler de vigilance et à participer à une campagne mettant en lumière les dangers d’un usage abusif et excessif de ce médicament sans respecter les conditions médicales d’utilisation», continue le communiqué du ministère de la Santé.
De son côté, le ministère de l’Education nationale a adressé aux établissements scolaires une note les appelant à la vigilance autour de ce jeu dangereux qui aurait pris de l’ampleur chez les écoliers et la nécessaire sensibilisation sur les dangers liés à la consommation de ce médicament.
Une surconsommation du paracétamol peut potentiellement provoquer la mort : «Une surdose de paracétamol peut provoquer une intoxication hépatique sévère, une défaillance du foie et, dans les cas les plus critiques, entraîner la mort en quelques heures seulement», avertit l’Association nationale des pharmaciens algériens (ANPHA) qui alerte elle aussi sur la propagation préoccupante de ce «phénomène dangereux sur TikTok» et d’autres réseaux sociaux. «Nous appelons les parents, les éducateurs, les professionnels de santé, ainsi que les jeunes eux-mêmes à faire preuve d’une vigilance maximale face à cette mode aussi absurde que périlleuse», écrit l’association dans un communiqué en exhortant les parents à «ne jamais laisser les médicaments, y compris le paracétamol, à la portée des enfants et des adolescents. Une consommation non surveillée pourrait entraîner des conséquences dramatiques».
Autre organisme à avoir tiré la sonnette d’alarme sur le «Challenge paracétamol», l’Organisation algérienne de Protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), qui s’inquiète de «la propagation du phénomène (…) étrange à notre société». L’association qui indique que ceux qui s’adonnent à ce jeu sont des «adolescents imprudents et irresponsables, influencés par des modèles occidentaux qui ont lancé ce défi absurde», invite notamment les jeunes «à faire preuve de responsabilité et à combattre ce défi absurde par la sensibilisation et la dénonciation».
Malgré cette mobilisation préventive, il reste difficile d’évaluer l’ampleur réelle du «défi paracétamol», aucune donnée publique n’ayant été communiquée sur des admissions d’adolescents pour surconsommation dans le cadre de ce challenge.
Ce phénomène serait apparu la première fois en Ecosse et en Angleterre, où des cas isolés de prise excessive de paracétamol par des adolescents ont été signalés dans un hôpital. Mais aucun lien n’a été formellement établi entre ces admissions et un trend sur les réseaux sociaux, selon les médias qui ont parlé de «cas isolés» et de «légende urbaine».
Entre 2023 et 2024, le «défi paracétamol» a refait surface aux Etats-Unis, en France et en Belgique, où les autorités et la société civile se sont mobilisées pour prévenir les conséquences dramatiques de ce phénomène.
