PAR R. AKLI
A la traîne et sans cesse remise à plus tard depuis plus d’une décennie, la démarche visant la modernisation du système financier et bancaire national devra connaître désormais un début de mise en œuvre effectif, à la faveur des décisions initiées ces derniers mois par les pouvoirs publics en vue de remodeler la gouvernance des banques publiques, tout en favorisant la relance du marché boursier local.
« 2024 sera l’année de la réforme bancaire profonde » dans le cadre d’une « nouvelle approche globale », avait signifié en ce sens le président de la République lors d’une réunion du conseil des ministres tenue fin novembre dernier. « Une approche globale et intégrée » pour permettre de « capter les fonds circulant en dehors des circuits bancaires », avait-il précisé. Signe d’une volonté réelle d’enclencher effectivement cette refondation du système financier et bancaire national – considérée à juste titre comme la « mère des réformes » de par le rôle névralgique que tient ce secteur dans le financement de la croissance -, l’Etat a d’emblée entrepris d’ouvrir le capital social de deux de ses six grandes banques pour y faire entrer des capitaux privés.
Le crédit populaire d’Algérie (CPA) et la banque de développement local (BDL) procéderont ainsi dès janvier prochain pour la première et au cours du premier semestre 2024 pour la seconde à la cession en public d’une part de 30% de leur capital social en bourse. Des opérations qui doivent répondre, selon les directives du président de la République, à l’impératif d’instaurer « des méthodes de gestion modernes, d’autant qu’elles visent à associer le secteur privé dans la gestion de ces importants établissements financiers, la prise de la décision économique, et la création d’un climat concurrentiel avantageux pour nos citoyens parmi les clients des banques ».
Ainsi balisée, la réforme financière et bancaire voulue par les pouvoirs publics s’inscrit dans une logique de grande ouverture au capital privé et de rupture définitive avec les modes de gestion administratifs des banques de l’Etat, de sorte à les mettre sous performance et à améliorer leur efficacité dans le financement de l’économie, la collecte de l’épargne et la bancarisation des fonds circulant dans l’informel. A travers la récente mise à plat de la fameuse loi sur la monnaie et le crédit (LMC), devenue désormais « loi monétaire et bancaire », un premier pas important, consistant à mettre à jour le cadre législatif régissant le paysage financier national, a été d’ores et déjà accompli en vue d’ouvrir la voie à
l’arrivée de nouveaux intervenants, telles que des banques d’investissement et de nouveaux prestataires de services bancaires digitaux, ainsi que des produits d’épargne innovants, dont ceux relevant de la finance islamique.
L’environnement législatif ayant ainsi été mis au diapason, l’étape à venir quant à la conduite de la réforme financière et bancaire devra cibler à la fois une meilleure autonomie des banques publiques pour rompre avec les logiques de gestion bureaucratiques, mais aussi l’ouverture de banques privées pour diversifier les sources de financement de l’investissement.
Tel que le relevait d’ailleurs le président de la République lors d’une récente rencontre dédiée à l’entrepreneuriat, « l’économie nationale est privée à plus de 85%, mais son financement continue encore à dépendre jusqu’à 85% de fonds publics ». D’où, a-t-il dit, « l’appel que j’ai lancé à plusieurs reprises pour la création de banques privées » afin de permettre à la sphère économique de s’autofinancer, « même si le soutien de l’Etat pourra toujours rester un appoint », avait-il plaidé.
A. R.