Moscou veut créer une zone de libre-échange avec l’Algérie

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Poutine adresse un message à Tebboune

PAR NABIL M.

 

Les relations économiques entre l’Algérie et la Russie se renforcent de manière continue, en particulier dans les domaines des échanges commerciaux et des investissements.

Ce rapprochement pourrait prochainement être consolidé par la création d’une zone de libre-échange entre les deux pays, une initiative encouragée par la Russie. «La Russie mène des négociations sur la création de zones de libre-échange avec l’Egypte, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie», a déclaré hier Anton Kobyakov, conseiller du président russe Vladimir Poutine, lors d’une conférence de presse en marge du Forum ministériel Afrique-Russie.

Devant de hauts responsables africains réunis à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie, pour une conférence ministérielle de deux jours, M. Kobyakov a souligné que la Russie accorde une «grande importance au renforcement de la coopération avec les pays africains dans les domaines du commerce et des investissements». Il a précisé que cette coopération s’intensifierait notamment par «la participation des opérateurs économiques russes dans des projets d’infrastructures».

Cette déclaration est venue s’ajouter à celle du président russe Vladimir Poutine, lue par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans laquelle il a promis un «soutien total et continu de la Russie aux pays africains dans différents domaines». Le Président russe a dit espérer un renforcement de «l’ensemble des liens russo-africains», à l’issue de cette conférence qui fait suite à deux sommets Afrique-Russie en 2019 et 2023.

L’Algérie a marqué sa présence à cette conférence par la participation de son ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, qui est arrivé vendredi dernier en Russie pour prendre part aux travaux du forum. Lors de cette visite, M. Attaf a eu des entretiens bilatéraux avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour discuter des perspectives de partenariat stratégique entre l’Algérie et la Russie, notamment en lien avec la visite d’Etat effectuée en juin 2023 par le président Abdelmadjid Tebboune en Russie.

A la clôture de la conférence ministérielle Afrique-Russie, M. Attaf a affirmé les priorités économiques établies lors de cet événement, affirmant que «l’Algérie soutient les objectifs fixés pour accroître le volume des échanges commerciaux entre l’Afrique et la Russie, ainsi que pour augmenter la valeur des investissements russes dans les pays africains».

 

Un potentiel d’échange et d’investissement à exploiter

Les entreprises russes, historiquement intéressées par des échanges commerciaux directs avec l’Algérie, s’orientent désormais davantage vers les opportunités d’investissement et d’implantation en Algérie, notamment à la faveur de la nouvelle loi sur l’investissement et des zones de libre-échange dont l’Algérie est partie prenante.

Le marché algérien est perçu par les entreprises russes comme l’un des plus prometteurs d’Afrique du fait que l’Algérie vise à réaliser dans les années à venir de grands projets industriels, énergétiques, miniers, ainsi que dans les secteurs agroalimentaire et agricole, autant de domaines susceptibles d’attirer l’intérêt des investisseurs russes.

Dans ce contexte, il convient de rappeler l’appel lancé par le président Tebboune aux investisseurs russes, lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg en juin 2023, les invitant à tirer parti des opportunités et des avantages qu’offre l’Algérie en matière d’investissement. «Le champ est ouvert aux opérateurs économiques, qui peuvent compter sur le soutien du gouvernement algérien», avait-il affirmé, soulignant que l’Algérie est devenue une «destination d’investissement prometteuse», grâce aux réformes importantes engagées par le gouvernement et aux nombreuses incitations offertes.

 

L’Algérie, un partenaire clé pour l’intégration économique en Afrique

Dans le cadre de sa coopération renforcée avec l’Algérie, la Russie pourrait bénéficier des nombreux atouts qu’offre ce pays, engagé dans un processus d’intégration économique en Afrique. L’Algérie poursuit en effet le développement de cinq zones franches avec ses voisins africains, à savoir la Mauritanie, la Tunisie, la Libye, le Mali et le Niger.

De plus, l’Algérie a officiellement adhéré, en décembre dernier, à l’initiative de commerce guidée dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), permettant ainsi aux opérateurs économiques algériens de commercer avec leurs homologues africains sans barrières douanières, ce qui devrait renforcer encore les perspectives de coopération régionale et internationale pour les années à venir.