Par Brahim Aziez
Un baril à 90 dollars ? Une situation probable, selon Mourad Preure qui estime que «cela suppose plusieurs choses, dont l’offre qui se réduit de 10 à 20 %». Mais pour lui, «si l’on se penche sur une hypothèse chaotique, rien n’interdit que les prix atteignent les 200 dollars». Une situation chaotique qui serait traduite par une prolongation du conflit (ou de la guerre) entre Israël et l’Iran, et la fermeture du détroit d’Ormuz par la République islamique, par lequel transitent 20% de la production mondiale vers l’Asie, soit l’équivalent de 20 millions de barils/jour.
Mais au regard de l’expert algérien qui s’exprimait sur le sujet, hier, sur les ondes de la chaine 3, «nous avons déjà eu un 1er signal en 1991». Les marchés qui sont, d’après lui, d’une variable importance pour l’économie mondiale, ont explosé au moment où l’on appréhendait une attaque américaine contre l’Irak. «Mais ils se sont effondrés le 16 janvier 1991 lorsque l’attaque s’est produite, parce que les marchés cèdent, d’une manière ou d’une autre, aux injonctions des Etats», relèvera-t-il. Et d’ajouter : «Je ne pense pas que les marchés soient si lucides pour penser que l’Iran soit tenté de négocier, pour que les prix cessent d’augmenter.
Il rappellera, à cette occasion, que le plus grand gisement du monde se trouve en Arabie saoudite qui est survolée par des missiles, d’un côté comme d’un autre, alors que le gisement de Burgan au Koweït, et tous les ports de la côte, sont en situation de précarité.
Qu’est-ce qui pourrait expliquer le sang froid du marché ? C’est qu’il y a 2,5 millions de barils/jour inutilisés dans les capacités de l’Opep et Opep+ du fait de la baisse de production décidée. Cela représente une marge de manœuvre très courte, mais cet épisode est tout à fait inédit même si on a vu cela en 1991.
Donc, là, je soupçonne les marchés d’être sous contrainte, car 2,5 millions de barils/jour, ce n’est pas suffisant pour rassurer, ceci d’autant que les prix du pétrole sont en backworldisation, c’est-à-dire que les prix à court terme sont plus élevés que les prix à terme. Cela signifie pour Mourad Preure que les marchés anticipent les risques à court terme, et un surcroît d’offre à long terme. «C’est d’ailleurs pour cela que l’Opep a augmenté sa production», expliquera-t-il.
«Tous les paramètres d’enchaînement chaotiques sont réunis au Moyen-Orient»
L’expert exprimera, toutefois, ses inquiétudes par rapport au fait que «tous les paramètres de puissants séismes et enchaînements chaotiques sont réunis au Moyen-Orient, parce que la façade maritime du Golfe arabo-persique représente une capacité de raffinage de 4,7 millions de barils/jour. Ce qui serait, à ses yeux, «une configuration assez délicate». Tous les scénarios sont envisagés par l’expert qui n’exclut pas, dans le cas d’une situation existentielle pour l’Iran, le recours à des pratiques contraignantes. Mourad Preure reste persuadé que, dans ce cas (situation existentielle), l’Iran fermera le détroit d’Ormuz, sans parler du détroit de Bab El Mendeb qui est contrôlé par les Houtis qui ont montré leur efficacité. «La question des routes maritimes est posée».
Reste, selon lui, «la question des alliances arabes, implicites ou explicites, autour de l’entité sioniste et de son acte criminel», et qui pourrait évoluer par rapport à l’Iran dont le gisement South Part qui est partagé avec le Qatar, et dont l’exploitation profiterait plus à ce dernier pourrait être rejetée par l’Iran.