Par S. Leslous
Les pays membres de l’organisation de la coopération islamique (OCI), qui ont tenu, durant ces deux derniers jours, leur 15e sommet, à Banjul, en Gambie, ont trouvé matière à saluer vivement la récente initiative de l’Algérie, la Tunisie et la Libye, qui, au terme, de leur première réunion consultative tenue le 22 avril dernier à Tunis, ont posé les jalons fondateurs d’un nouveau bloc régional, sinon d’une nouvelle alliance stratégique, à même de redonner vie à la coordination maghrébine qui a fait défaut depuis la mort de l’UMA, et de fédérer les forces pour relever les défis de l’heure à tous les niveaux.
Dans son communiqué final adopté hier, l’OCI s’est en effet attardée sur les résultats de la réunion consultative qui a regroupé Abdelmadjid Tebboune, son homologue tunisien Kaïs Saïed et Mohamed Younès El-Menfi, président du conseil libyen. «Le communiqué final de l’OCI a salué la volonté commune des dirigeants des trois pays d’intensifier les consultations et la coordination en vue de consolider les facteurs de sécurité, de stabilité et de progrès dans la région», lit-on dans le communiqué des services du premier ministère.
L’OCI a également salué la détermination des trois dirigeants «à renforcer la coopération et à échanger les analyses, les évaluations et les informations, notamment concernant les phénomènes du terrorisme, de la traite des êtres humains, du trafic de drogue et du crime organisé, qui menacent la sécurité et la stabilité de la région».
A travers sa déclaration, l’OCI met ainsi en évidence toute la portée stratégique de cette nouvelle entité régionale qui ambitionne à la fois de servir de fer de lance du développement économique dans cet espace régional et de rempart contre les menaces qui guettent la région. En somme, une force qui puisse peser sur l’échiquier et faire entendre sa voix au triple plan régional, continental et international, comme il a été souligné dans le communiqué final adopté à l’issue de la réunion consultative du 22 avril dernier.
En effet, les trois pays, qui ont ingénieusement réussi à mettre en place une alternative à l’UMA dont le destin a été contrarié par les manœuvres du makhzen marocain, ont tracé une feuille de route qui a touché à tous les domaines vitaux des nations, à savoir l’économie, la diplomatie, la politique, la stabilité et la paix.
Le ministre des affaires étrangères Ahmed Attaf, qui s’exprimait récemment sur cette initiative, a affirmé que ce sont toutes les questions qui impactent directement la vie des peuples des trois pays qui sous-tendent cette initiative commune de leurs dirigeants. Il s’agit, a-t-il détaillé, de quatre principaux dossiers, à savoir le développement des régions frontalières, l’énergie, la sécurité alimentaire et la levée des entraves aux échanges commerciaux.
Mais bien plus que cela, l’initiative visait aussi à répondre à de cruciaux défis géostratégiques. Après avoir expliqué que «l’Afrique du Nord et le Maghreb sont pratiquement la seule région au monde dépourvue d’un mécanisme de consultation régulière et périodique entre les pays de cet espace», le chef de la diplomatie algérienne a souligné que «la région du Maghreb compte des dossiers qui font l’actualité internationale, comme le dossier libyen et celui de la région sahélo-saharienne», et qu’il n’est pas normal que «tous les pays s’immiscent dans ces dossiers, sauf ceux de la région, qui sont pourtant les premiers concernés».
A ce titre, les trois pays, à savoir l’Algérie, la Tunisie et la Libye, comptent non seulement fédérer leurs efforts pour relever le défi du développement mais aussi et surtout de s’ériger, à travers cette nouvelle alliance, en un partenaire unifié, fiable et crédible dans toutes les questions qui engagent la région.
S.L.