Naturgy, le dossier est toujours ouvert

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Natyrgy

Par Nabil M.

Après l’échec de l’achat de ses actions par les Emiratis, l’actionnaire majoritaire au sein du groupe Naturgy, Criteria Caixa, est toujours à la recherche d’un nouvel acquéreur.

En effet, le holding espagnol Criteria est en quête d’un nouveau partenaire pour une éventuelle offre publique d’achat des actions de la société gazière espagnole Naturgy, et se dit prêt à ouvrir un nouveau front de négociation dès que possible après avoir récemment échoué à parvenir à un accord avec l’émirati Taqa d’Abu Dhabi (Taqa.AD), selon l’agence Reuters qui cite les déclarations d’une source de Criteria.

La même source a affirmé que Criteria, qui détient 26,7% de Naturgy, était ouverte à tout actionnaire, qu’il soit du monde industriel ou du secteur de l’énergie, qui puisse apporter de la croissance à la plus grande société gazière espagnole, ajoutant que Criteria «n’aime pas agir seule lorsqu’il s’agit d’une entreprise jugée stratégique».

L’actionnaire majoritaire de l’entreprise gazière espagnole avait affirmé, lors de l’abandon du projet de rachat de Naturgy avec Taqa comme partenaire, qu’il explorait de nouvelles options pour soutenir le plan de transformation de la société énergétique espagnole, a indiqué la source de Reuters.

«Criteria, qui est la branche d’investissement de la fondation La Caixa, recherche des actionnaires à long terme qui seront en accord avec sa stratégie», a déclaré la même source.

Naturgy-Taqa, les raisons de l’échec

Après près de deux mois de l’annonce des négociations entre Taqa et Criteria pour trouver une formule qui permettrait la vente des actions de Naturgy, le 10 juin Criteria a annoncé la fin des négociations sans pour autant parvenir à un accord avec l’émirati en vue de lancer une offre publique d’achat commune sur la société gazière espagnole.

L’entreprise émiratie Taqa était en pourparlers de rachat avec les trois principaux actionnaires de Naturgy, Criteria et les fonds de capital-investissement CVC et GIP, qui détiennent chacun plus de 20% des actions.

Selon l’agence Reuters, une autre source proche du dossier a déclaré que l’accord avec les Emiratis avait été annulé en raison de «désaccords sur les questions de prix et de gouvernance», sans donner plus de détails à ce sujet.

Le quotidien espagnol El Mundo, citant des sources proches des négociations, avait indiqué que la plus grande offre publique d’achat prévue sur le marché espagnol, d’une valeur supérieure à 25 milliards d’euros, est avortée, et que le conseil d’administration du groupe énergétique émirati Taqa s’est retiré par surprise des négociations.

Par ailleurs, il est clair que cette affaire d’achat des actions du groupe gazier espagnol concerne de très près l’Algérie, du fait que Naturgy détient une participation à hauteur de 49% dans le gazoduc Medgaz reliant l’Algérie à l’Espagne, en plus de contrats avec le groupe Sonatrach, principal fournisseur de gaz à l’Espagne via ce gazoduc.

La société espagnole avait même signé des contrats d’approvisionnement «take or pay» avec l’Algérie jusqu’en 2032, ce qui met en avant l’importance du partenaire qui sera introduit dans le conseil d’administration de Naturgy en tant qu’actionnaire majoritaire et qui aurait ainsi le contrôle sur le marché gazier de l’Europe de l’Ouest, marché traditionnel pour l’Algérie avec près de 10 milliards 3 par an de gaz naturel.

Dans ce contexte, il faut rappeler qu’avec le rachat prévu de Naturgy, Taqa aurait également acquis les contrats de l’entreprise espagnole avec l’Algérie ainsi qu’un contrat à long terme pour importer quelque 3 milliards de mètres cubes de gaz naturel liquéfié russe chaque année. Ce qui nous amène à croire que cette opération d’offre publique d’achat des actions de Naturgy sera suivie attentivement par l’Algérie qui n’hésitera pas à défendre ses intérêts.

N.M.