Le Burkina Faso a connu vendredi 30 septembre un second coup d’Etat en l’espace de 08 mois.
En effet, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir par un putsch fin janvier, a, à son tour, été démis hier vendredi de ses fonctions par des militaires.
Ainsi et après une journée marquée par des tirs dans le quartier de la présidence à Ouagadougou, une quinzaine de soldats vêtus de treillis et pour certains encagoulés ont pris la parole, sur le plateau de la Radiodiffusion-Télévision du Burkina Faso, peu avant 22 heures. Le capitaine Ibrahim Traoré a lu un communiqué annonçant la mise à l’écart de Paul-Henri Sandaogo Damiba, la dissolution du gouvernement et la suspension de la Constitution, ainsi que la fermeture des frontières du pays jusqu’à nouvel ordre. Un couvre-feu de 21 heures à 5 heures a également été mis en place.
Ibrahim Traoré, nouvel homme fort du pays
« Les choix hasardeux du lieutenant-colonel Damiba ont progressivement affaibli notre système sécuritaire. Les lourdeurs administratives qui caractérisaient le régime déchu se sont aggravées sous la transition, compromettant aussi les opérations à caractère stratégique », a déclaré l’un des putschistes à la télévision.
Le nouvel homme fort du pays, désigné président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR, organe dirigeant de la junte), est désormais le capitaine Ibrahim Traoré, a-t-il ajouté. M. Traoré, 34 ans, était jusqu’à présent le chef de l’unité des forces spéciales antidjihadistes « Cobra » dans la région de Kaya (nord).
Les putschistes ont promis de convoquer « incessamment les forces vives de la Nation » afin de désigner un « nouveau président du Faso, civil ou militaire ». Le sort de M. Damiba restait inconnu vendredi soir.
Condamnation de la Cédéao
Dans un communiqué, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) – dont le Burkina est suspendu des instances depuis le coup d’Etat de janvier – a « condamné avec la plus grande fermeté la prise de pouvoir par la force qui vient de s’opérer ».
La Cédéao trouve « inopportun ce nouveau coup de force au moment où des progrès ont été réalisés (…) pour un retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024 ».
L’Union européenne a, elle aussi, exprimé ses « inquiétudes », tout comme les Etats-Unis qui ont appelé leurs citoyens à limiter leurs déplacements. « Nous appelons à un retour au calme et à la retenue de la part de toutes les parties », a indiqué un porte-parole du département d’Etat. Le ministère français des affaires étrangères a demandé à ses ressortissants à Ouagadougou, estimés entre 4 000 et 5 000, de rester chez eux.
Avec agences