Par R. Akli
Restera, ne restera pas…? C’est la question qui agite désormais la scène politique et économique nationale quant aux noms des ministres, actuels ou nouveaux, qui composeront la nouvelle équipe gouvernementale, dont il est attendu qu’elle soit annoncée dans les quelques jours à venir. Passées, en effet, les urgences de la rentrée sociale et de la loi de finances, avalisée mercredi par les députés et devant l’être dès aujourd’hui par les sénateurs, les projecteurs se braquent naturellement sur l’annonce en vue d’un large remaniement ministériel, voire de la nomination d’un nouveau gouvernement, pour enclencher un nouveau cycle de mise en œuvre des réformes multisectorielles et des politiques publiques, en phase avec le programme et les engagements du second mandat présidentiel. L’enjeu, tel que déjà explicité de prime abord par le Président réélu, lors de sa dernière interview télévisée, n’est pas de changer pour changer… L’idée, a-t-il laissé entrevoir lors de la même interview, est de nommer, dans la mesure du possible, une nouvelle équipe gouvernementale, formée non pas de technocrates, mais des «meilleures compétences nationales» pour conduire, selon ses engagements, la politique voulue pour une deuxième mandature dédiée par excellence à l’économie. Bilans et perspectives devraient présider ainsi à la sélection des éventuels restants, partants et futurs nouveaux venus au sein de l’équipe gouvernementale, l’enjeu n’étant pas tant les noms et les personnes, mais bien la nécessité d’accélérer le rythme des réformes stratégiques en cours, d’où sans doute le calendrier accéléré des deux chambres du Parlement pour l’examen et le vote du projet de loi de finances 2025, afin d’ouvrir la voie à l’installation officielle d’un «gouvernement du deuxième mandat». Un mandat dédié essentiellement à l’économie, selon les priorités fixées par le Président ; ce pourquoi les cinq portefeuilles ministériels économiques que sont les finances, le commerce, l’énergie, l’industrie et l’agriculture seront vraisemblablement en première ligne quant au choix des hommes qui auront à conduire les chantiers de réformes vitaux de ce nouveau quinquennat.
Les cinq secteurs-clés…
Du côté des finances, secteur qui constitue pour ainsi dire le nerf même de la guerre dans la conduite de la politique économique d’ensemble, des avancées notables, faut-il le souligner, ont été réalisées dans divers registres, en particulier celui prioritaire de la numérisation des impôts, des douanes et domaines qui restent cependant à mieux interconnecter. De même, les réformes bancaire et budgétaire, considérées comme plus qu’essentielles pour diversifier les sources de financement de l’économie nationale, ont enregistré des progrès considérables durant ces quelques dernières années, tout en restant toutefois à l’état de démarrage et supposant par conséquent l’enclenchement d’une vitesse de mise en œuvre supérieure pour être menées à bon port dans les bons délais. Tout autant d’ailleurs que la finalisation de la mise en conformité des dispositifs de lutte contre le blanchiment d’argent, tel que rappelées récemment par le GAFI. Pour le secteur de l’énergie, qui a acté cette semaine un premier pas vers la rationalisation des subventions et de la consommation énergétique interne, les enjeux sont également des plus vitaux. En forte relance ces deux dernières années, avec un attrait renouvelé des grandes majors, américaines et autres, pour l’exploration et la production, mais aussi pour le développement de l’hydrogène et autres formes d’énergies nouvelles, le secteur reste néanmoins appelé, plus que jamais, à accélérer ses performances pour garantir, d’abord et avant tout, la sécurité énergétique interne à moyen et long termes et préserver en même temps la place de plus en plus stratégique du pays à l’export et sur les scènes pétrolière et gazière régionale et internationale. Tout aussi vital pour réaliser l’ambition de rejoindre rapidement le cercle des économies émergentes, le secteur de l’industrie, faut-il le souligner, est devenu ces quelques dernières années, aux côtés de celui de l’agriculture notamment, l’un des principaux moteurs de la croissance de l’économie nationale. Son apport au PIB est passé ainsi de 3 à 5% ces deux dernières années et la nouvelle feuille de route tracée pour sa relance prévoit des objectifs ambitieux de 12 à 15% d’apport au PIB et des ratios d’intégration locale d’au moins 40%. Le secteur qui intègre également la gestion de la production pharmaceutique et la filière automobile peine néanmoins à fixer une orientation claire pour la réorganisation des grands groupes publics et la régulation des approvisionnements du marché local en médicaments et en véhicules neufs dont il gère en partie la régulation, en coordination avec le ministère du Commerce. Un ministère qui, tout en s’activant à conforter le développement des exportations hors hydrocarbures, continue en parallèle et depuis la crise de la Covid-19 à déployer des efforts concrets pour lutter contre les pénuries et les pratiques spéculatives sur les marchés internes, mais qui peine encore à instaurer des mécanismes de régulation durables pour stabiliser l’offre en biens de consommation divers, en particulier les produits agricoles. Un enjeu qui relève du reste de l’autre secteur-clé pour la mise en œuvre de la politique économique à venir, à savoir celui de l’agriculture, appelé notamment à accélérer les programmes de développement des cultures stratégiques pour garantir la stabilité de l’offre dans l’immédiat et la souveraineté alimentaire du pays à plus ou moins court terme. Finances, énergie, industrie, commerce et agriculture devraient être en définitive les principaux secteurs qui façonneront la politique économique à venir et dont le choix des premiers responsables devra, par conséquent, être au cœur de la logique qui présidera à la formation du prochain gouvernement…