Nouveau hub gazier de l’Europe : Le rapprochement algéro-italien met fin aux rêves espagnols

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/Si les Italiens se sont montrés très satisfaits du contenu des accords signés, hier, entre l’Algérie et l’Italie portant sur l’augmentation graduelle de l’approvisionnement de l’Italie en gaz algérien, du côté ibérique, ces accords sont qualifiés «de coup dur pour l’Espagne de Pedro Sanchez».

Lors de la crise ukrainienne, l’Espagne s’est présentée comme le potentiel sauveur de l’Europe et garant de sa sécurité énergétique avec ses infrastructures gazières. Mais la donne a changé, après que Sanchez a décidé de soutenir la proposition marocaine sur la question du Sahara Occidental. La visite du Premier ministre italien en Algérie a signé l’acte de décès du projet espagnol. Le journal espagnol El Confidencial, écrit : «Le Premier ministre italien a enterré le rêve de l’Espagne de devenir le hub gazier de l’Europe». El Pais, quant à lui, a consacré un long article dans lequel il a fait parler sous couvert de l’anonymat deux hauts responsables du secteur de l’énergie pour expliquer combien l’accord algéro-italien va faire mal à l’Espagne et surtout mesurer les dégâts provoqués par la décision de Sanchez. Il faut dire que l’Espagne avait de très bonnes prédispositions pour se positionner comme un éventuel centre de distribution du gaz algérien vers l’Europe, mais cette place privilégiée semble être occupée par l’Italie. Une source du secteur privé européen de l’énergie, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a déclaré à El Pais que pour l’Europe, le pays idéal pour fournir une partie du gaz provenant de Russie est l’Algérie. «Personne d’autre n’est plus proche. Et dans le secteur de l’énergie, si vous avez un pays proche de vous, cela signifie que vous avez de meilleurs prix. L’Allemagne et les pays d’Europe de l’Est sont devenus dépendants du gaz russe non pas parce qu’ils sont idiots, mais parce que le coût est beaucoup moins cher par rapport aux navires qui arrivent d’autres continents», explique-t-il. La même source reconnaît qu’aujourd’hui, la collaboration entre l’Italie et l’Algérie, au détriment de l’Espagne, ne se traduit par aucun chiffre ou contrat précis. Mais il ajoute que Rome a trois atouts en sa faveur pour devenir un éventuel centre de distribution du gaz algérien vers l’Europe. Le premier, selon l’expert susmentionné, est qu’il existe une grande société privée semi-publique italienne, Eni, prête à investir dans l’exploration. Le deuxième facteur en faveur de l’Italie est qu’il existe une grande «volonté politique» à Rome pour accroître les importations de gaz d’Algérie. Et le troisième facteur en faveur de l’Italie, selon la même source, est que le pays est très dépendant du gaz russe. « L’Italie a plus faim que l’Espagne, car elle est plus dépendante de la Russie », conclut-il. La source susmentionnée du secteur de l’énergie souligne que, bien que l’Algérie ne puisse pas renoncer à l’argent qui vient de l’Espagne pour le gaz, Madrid «a tué la poule aux œufs d’or». L’année dernière, l’Espagne a payé 2,6 milliards d’euros pour le gaz algérien importé. La même source insiste sur le fait que les répercussions vont au-delà de la hausse ponctuelle des prix en ce moment. «Dans ce panorama de guerre, l’Algérie est la clé. Et vous ne crachez pas au visage d’un partenaire. L’Allemagne cherche partout des sources d’énergie. Et nous, qui l’avons si près de nous, venons de fermer une porte. Il se peut que dans un, deux ou trois ans, lorsque l’ambassadeur d’Algérie reviendra en Espagne, il ne sera plus possible de rattraper le temps perdu. L’Italie sera bien installée…», conclut-il.

A. B.