Nouveau rapport de la Banque mondiale sur l’économie algérienne : Croissance «robuste» et fort potentiel à l’export

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Banque Mondiale

Par R. Akli

 

Une croissance économique «robuste soutenue par les secteurs non extractifs et l’investissement», une inflation en nette décélération, des réserves de change suffisantes pour plus de 16 mois d’importations et un potentiel de croissance «considérable» des exportations hors hydrocarbures. Ce sont, en substance, les points saillants du nouveau rapport de la Banque mondiale (BM) sur l’évolution de l’économie algérienne au cours de cette année, publié hier sur son site web officiel. Selon les constats de cette importante institution financière internationale, au cours du premier semestre 2024, l’économie nationale a ainsi «enregistré une croissance de 3,9%» par rapport à la même période de l’année écoulée, et ce, «malgré la baisse de la production d’hydrocarbures». La BM évoque globalement une croissance «diversifiée» et «robuste» au cours des six premiers mois de l’année en cours, soutenue surtout par «l’investissement et les secteurs non extractifs», dont notamment celui de l’agriculture, resté «résilient», selon l’institution. Celle-ci fait état dans l’ensemble d’une dynamique de croissance non extractive (hors hydrocarbures) qui s’est prolongée au premier semestre de 2024, à un rythme de +3,9% en glissement annuel, conjuguée à une accélération de la croissance de l’investissement de +15,5% sur la même période. A court terme, «les secteurs non extractifs soutiendraient la croissance mais la production d’hydrocarbures diminuerait en raison des baisses des quotas de production de pétrole brut», tandis que pour 2025, «la reprise de la production d’hydrocarbures devrait entraîner une accélération de la croissance», note le même rapport en soulignant que «de nouveaux partenariats stratégiques ont été signés pour l’exploration et le développement de champs gaziers, contribuant ainsi à la capacité d’exportation future de gaz».

 

Inflation en baisse, dinar stable  

De même, indique l’institution de Bretton Woods, «la stabilisation des prix des produits agricoles frais a permis une nette décélération de l’inflation au cours des neuf premiers mois de 2024, atteignant 4,3% en glissement annuel». La BM précise à ce propos que «les prix des fruits et légumes, en grande partie produits en Algérie, ont commencé à baisser à la mi-2023 dans un contexte de production agricole résiliente, tandis que les prix de la viande et du poisson se sont stabilisés» à partir du quatrième trimestre de la même année, le gouvernement ayant autorisé les importations de viande. En conséquence, est-il relevé, «l’inflation des produits agricoles frais est tombée à 4,5% en glissement annuel au cours des neuf premiers mois de 2024», ce qui a permis à l’inflation globale des prix à la consommation de baisser sur la même période «à 4,3% en glissement annuel». Une nette décélération, favorisée, du reste, par «un taux de change stable» et une «modération continue des prix à l’importation», relève la BM, en rappelant qu’ «après plus d’une décennie de dépréciation du dinar, les autorités ont soutenu une appréciation de 6,6% de son taux de change par rapport au dollar américain entre juillet et décembre 2022 pour atténuer l’inflation importée», avant de soutenir «une stabilité» de sa parité officielle depuis le début de l’année précédente.

 

«Elargir le panier des produits exportés…»

Tout en dressant ainsi un constat globalement positif sur l’évolution des fondamentaux de l’économie algérienne, la Banque mondiale ne manque pas de mettre en relief le fort potentiel du pays à l’exportation, estimant qu’il est «prioritaire» en ce sens de mettre en place un cadre de politique macroéconomique axé sur «le renforcement de la productivité des entreprises», «l’amélioration de la compétitivité des exportations» et «une meilleure intégration dans les chaînes de valeur mondiales». L’Algérie, note en effet l’institution financière internationale, «dispose d’un important potentiel d’exportation de produits hors hydrocarbures» qui ont «considérablement augmenté depuis 2017, passant de 0,7% du PIB à 1,8% du PIB en 2023». «Au vu de ses différents avantages comparatifs, dont la taille de son économie, les marchés d’exportation potentiels, la participation à des accords de libre-échange et sa position géostratégique, le pays a «le potentiel de progression le plus important dans la région MENA», estime la BM en mettant notamment en évidence la proximité du marché de l’Union européenne qui constitue un avantage comparatif naturel à exploiter. L’élargissement du panier de produits exportables et de l’éventail des marchés d’exportation constituent «une priorité», d’autant que nombre de produits manufacturés exportés actuellement, tels que le ciment, le fer et autres, «utilisent comme intrants une grande partie de produits subventionnés», relève en définitive l’institution de Bretton Woods, en insistant par ailleurs sur la nécessité d’accroître la valeur ajoutée de différents secteurs pour réaliser l’objectif ciblé des 29 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures d’ici 2030.