Par S. Ould Ali
Les saisies répétées opérées par les services de sécurité continuent de mettre en lumière l’ampleur inquiétante du trafic de drogue en Algérie, notamment celui des substances psychotropes.
Hier encore, le ministère de la Défense nationale a annoncé la saisie de pas moins de 1.499.550 comprimés de prégabaline 300 mg, d’origine étrangère, ainsi qu’une somme de 5.451.000 dinars, lors d’une opération menée dans la wilaya de Batna. La marchandise illicite était dissimulée à bord d’un camion-citerne, et trois individus ont été interpellés dans le cadre de cette intervention conduite en coordination avec les Douanes algériennes.
Depuis quelques années, les saisies de ce type, par leur volume, tendent à se banaliser, ce qui en dit long sur la prolifération du trafic de drogue et de l’organisation des réseaux criminels transnationaux en évolution constante.
En mars dernier, c’est dans le sud algérien, près de la frontière libyenne, que l’ANP a réalisé une saisie record de près de 1.746.000 comprimés de prégabaline 300 mg. Un mois plus tard, la Sûreté nationale annonçait la saisie spectaculaire de 1.650.000 comprimés d’ecstasy au port de Mostaganem, en provenance de Marseille, ainsi que l’arrestation de neuf suspects liés à un réseau criminel actif entre le Maroc et la France. Plusieurs autres personnes présumées liées au même réseau ont été arrêtées dans différentes wilayas, dont Alger, Tipaza et Blida.
Au total, les forces de l’ordre ont saisi quatre véhicules, ainsi que d’importantes sommes d’argent en monnaie nationale et en devises étrangères, provenant des activités illicites de ce réseau.
A la veille du mois de Ramadhan, des éléments de l’Armée nationale populaire ont intercepté plus de 2 millions de capsules de prégabaline et près de 2 kg de cocaïne, au cours de plusieurs opérations distinctes qui ont permis de découvrir les drogues à l’intérieur d’une remorque de camion de gros tonnage, à Biskra, sous les plaques métalliques d’un camion à Ouargla ou encore cachés dans une ferme à El-Oued. Selon les services spécialisés, ces quantités de drogue étaient destinées aux wilayas du Nord. Un total de huit suspects ont été arrêtés individus, cinq camions et neuf véhicules ont également été saisis.
Face à cette menace grandissante, les autorités algériennes se dotent d’une stratégie de lutte adaptée à l’ampleur du fléau, en combinant répression et prévention. Lors de la présentation du projet de loi relatif à la prévention contre la drogue devant l’Assemblée nationale le mois dernier, le ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaâ, n’a pas caché son inquiétude : «Le trafic de drogue a atteint une ampleur qui appelle une intervention urgente», a-t-il déclaré, évoquant la saisie de près de cinq millions de comprimés psychotropes dans différentes régions du pays en l’espace de quelques semaines.
Cette situation, selon lui, justifie l’introduction de mesures coercitives de grande fermeté en complément des dispositifs préventifs déjà en place. Ainsi, le projet de loi, qui vient compléter la loi 04-18 relative à la prévention et à la lutte contre la drogue, prévoit notamment la possibilité de recourir à la peine capitale dans des cas particulièrement graves, comme : l’implication de mineurs dans les réseaux de trafic, la revente à proximité d’établissements sensibles (écoles, hôpitaux…), ou le trafic de drogues de synthèse ou de drogues dures.
Actuellement, les narcotrafiquants risquent la réclusion criminelle à perpétuité s’ils sont reconnus coupables de trafic de drogue en bande organisée.