Par Abdellah B.
Suppression des contrats à long terme, imposition de nouvelles taxes sur les produits énergétiques à partir de 2026, l’Union européenne (UE) risque de se retrouver à nouveau face au dilemme de la sécurité des approvisionnements à long terme. En fait, comme le marché européen est le principal débouché pour les produits énergétiques algériens, le gaz en particulier, Sonatrach concentre ses efforts sur l’adaptation de la production du pays aux nouvelles normes pour sauvegarder sa part de marché, d’après la directrice marketing gaz chez le groupe public Sonatrach Mme Samia Hamadache.
«La Commission européenne veut instaurer de nouvelles directives en posant de nouvelles normes pour le gaz et le GNL livrés en Europe. Le Vieux Continent est notre marché naturel et traditionnel, il est tout à fait normal d’adapter notre production aux nouvelles normes pour une raison simple : la préservation de nos parts de marché européen et la pérennité des livraisons de Sonatrach», affirme-t-elle. En effet, l’Algérie continue à fournir de grands efforts en matière de décarbonation et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ce qui est déjà au cœur de la nouvelle politique énergétique du pays et de Sonatrach.
En commentant les directives européennes sur l’annulation des contrats à long terme, la responsable au sein de Sonatrach estime que cette démarche pourrait engendrer des conséquences néfastes sur la sécurité énergétique du Vieux Continent qui sera confronté à la problématique de la sécurité des approvisionnements dans les années à venir en cas du maintien de cette restriction sur les contrats à long terme.
Incertitudes sur les énergies nouvelles
En fait, l’UE table sur une production conséquente en énergies nouvelles et renouvelables pour les substituer aux produits énergétiques fossiles à partir de 2050. Un scénario incertain qui repose beaucoup plus sur le développement des énergies nouvelles et renouvelables dont les investissements aujourd’hui ne sont pas à la hauteur des aspirations du Vieux Continent. De ce fait, la problématique de la sécurité des approvisionnements ne se pose pas pour les pays producteurs, mais pour les pays consommateurs. «Cette restriction établie par la Commission européenne de bannir les contrats à long terme à partir de 2049 risque de soulever la problématique de la sécurité d’approvisionnement qui est une question stratégique», explique la responsable marketing de Sonatrach.
Mme Hamadache s’interroge sur l’efficience des différents programmes des énergies nouvelles et renouvelables, surtout les capacités de réalisation des programmes ambitieux dans ce domaine dans une conjoncture mondiale marquée par une hausse importante des investissements dans les énergies fossiles, comme l’indiquent d’ailleurs les différents scénarios établis par les bureaux internationaux de consulting. «L’hydrogène, c’est vrai que c’est une question dont on discute largement, mais est-ce que nous serons prêts en 2050 à remplacer l’approvisionnement qui est aujourd’hui des plus sûrs, en termes de fourniture de gaz au marché européen ? Les renouvelables seront-ils assez développés pour garantir un accès à cette énergie tout au long de l’année ? En réalité, ce n’est pas un débat qui incombe à un pays producteur, mais beaucoup plus aux pays consommateurs, en particulier aux compagnies chargées de l’approvisionnement de ce marché», souligne Mme Samia Hamadache pour qui l’ouverture d’un débat au sein des pays européens sur les contrats à long terme est une nécessité.
En fait, les normes environnementales ne sont pas propres aux pays de l’UE, mais un engagement de la plupart des pays dans le cadre de leur politique pour le climat, avec un engagement zéro carbone en 2050, seulement «chacun à son rythme». De ce fait, il y a de fortes probabilités de diriger la production vers des marchés moins rigides en matière d’exigences environnementales, souligne la responsable marketing au sein de Sonatrach qui insiste sur l’importance de l’adoption d’une approche à la fois inclusive et progressive pour résumer les enjeux de la transition énergétique.