Nuit tragique à Oran

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Par S. Ould Ali

 

Oran s’est réveillée hier matin sur la tragique annonce du décès d’une mère de 43 ans et de ses trois enfants, victimes d’un glissement de terrain qui s’est produit à «Terrain Chabat», à Sanoubar (anciennement Les Planteurs), quartier situé à l’ouest d’Oran, non loin de Sidi El Houari. Survenu dans la nuit de samedi à dimanche, cet éboulement a également emporté cinq habitations précaires, selon les informations fournies par la Protection civile, faisant 13 blessés de différents degrés de gravité qui ont été évacués au Centre hospitalo-universitaire d’Oran.

Dans la matinée, alors que la tragédie faisait déjà le tour des réseaux sociaux à travers les vidéos des opérations de recherche menées dans la nuit, les habitants du «Terrain Chabat» restaient profondément bouleversés par les événements qu’ils venaient de vivre. «C’était terrible. Il y a quatre morts et de nombreux blessés. Houari, le pauvre… Qu’Allah lui vienne en aide», murmure un vieil homme du voisinage, priant pour le père de famille frappé par le drame. Son regard reste fixé sur l’immense paroi rouge qui, il y a à peine 24 heures, supportait encore les habitations désormais réduites en ruines. Tout près, dans une pièce d’une maison miraculeusement épargnée, une lampe de plafond restée allumée témoigne de la fuite précipitée de ses occupants au moment de l’effondrement. A quelques mètres en contrebas, des femmes et des enfants veillent sur les quelques meubles et effets personnels qu’ils ont pu sauver, attendant, incertains, de savoir quelle direction prendra désormais leur vie. «Ce n’est pourtant pas faute d’avoir averti les responsables sur la situation. Nous avons plusieurs fois alerté sur les fissures et les crevasses qui s’accentuaient dangereusement. Mais rien n’a été fait», s’est désespéré l’un des habitants.

 

 

Début du relogement des sinistrés

A la mi-journée, une délégation ministérielle, conduite par Brahim Merad, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, est arrivée à Oran. «Nous sommes venus pour nous assurer de l’état des blessés, trouver des solutions adaptées à la situation et prendre les mesures nécessaires», a-t-il déclaré. Dépêchée sur instruction du président de la République – qui a exprimé sa tristesse et présenté ses condoléances via son compte personnel -, la délégation comprenait notamment la ministre de la Solidarité nationale, Soraya Mouloudji, le ministre de l’Habitat, Mohamed Tarek Belaribi, le Directeur général de la Sûreté nationale, Ali Badaoui, ainsi que le Directeur général de la Protection civile, Boualem Boughelaf.

Sur place, les membres de la délégation se sont rendus au cœur du sinistre pour rassurer les habitants, puis au CHU d’Oran afin de s’enquérir de la prise en charge des blessés. «Nous allons reloger tous ceux qui sont en danger. Nous travaillerons à éliminer les risques qui menacent les citoyens, qu’il s’agisse des oueds ou des habitats précaires», a affirmé le ministre après la visite hospitalière en rassurant sur l’état des blessés. Une cellule de crise a immédiatement été mise en place par la wilaya afin de coordonner les actions d’urgence. Présidée par le wali d’Oran, Samir Chibani, cette cellule qui regroupe divers services a d’ores et déjà, lancé le relogement des habitants en danger en fin d’après-midi d’hier. Ils bénéficient de nouveaux logements dans le pôle urbain de Misserghine, plus précisément à la Cité des 900 logements LPL. Dans l’intervalle, les autorités poursuivent l’évaluation des risques sur l’ensemble des zones sensibles.

Erigées à flanc du mont Murdjadjo, sur les rives de Ras El Aïn, les constructions illicites qui se sont multipliées dans le quartier des Planteurs demeurent une menace réelle pour des milliers d’habitants. Le drame survenu à «Terrain Chabat» en est une tragique illustration qui ne doit plus se reproduire.