Nutrition. Les conseils du Dr Tarik Sebbah : Et si les médicaments ne nous soignaient pas tant que ça ?

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De nombreuses consultations en gastro-entérologie ont un point commun : les maux de ventre, souvent désignés par les médecins sous le terme générique de « douleurs abdominales ». Parmi les causes les plus bénignes, on retrouve les brûlures d’estomac, parfois accompagnées de reflux acides.

Pendant le mois de Ramadhan, malgré toute la spiritualité qu’il apporte, les Algériens ont coutume à ne pas se refuser le régal des repas copieux, souvent riches en graisses, en sucres et pauvres en nutriments essentiels. Pour soulager les inconforts digestifs qui en résultent, les médecins, souvent peu formés en nutrition et diététique, prescrivent systématiquement des Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), délivrés sous plusieurs appellations comme l’oméprazole, l’ésoméprazole ou le pantoprazole.

Ces médicaments bloquent l’activité des pompes situées dans les cellules épithéliales gastriques, empêchant ainsi la production d’acide chlorhydrique, indispensable à la digestion. Résultat : un soulagement immédiat. Mais derrière cet effet rapide se cachent des conséquences insoupçonnées sur la digestion et des carences invisibles qui fragilisent l’organisme.

 

Un soulagement, oui… mais à quel prix ?

Perturbation de la flore intestinale et dysbiose

Les IPP réduisent drastiquement l’acidité gastrique, pourtant essentielle pour :

  • Digérer les protéines : une acidité insuffisante laisse des protéines partiellement digérées, favorisant leur fermentation anormale plus loin dans l’intestin. Une méta-analyse publiée dans Clinical Gastroenterology (2017) a démontré que l’usage prolongé d’IPP double le risque de SIBO (prolifération bactérienne anormale dans l’intestin grêle).
  • Limiter les bactéries pathogènes : l’acide chlorhydrique constitue une barrière naturelle contre les bactéries. Sa réduction favorise des déséquilibres microbiens, augmentant le risque de SIBO et d’infections intestinales.

 

Potentielles carences nutritionnelles

Les IPP altèrent l’absorption de plusieurs micronutriments essentiels :

  • Magnésium : risque d’hypomagnésémie associé aux : fatigue, crampes, troubles cardiaques.
  • Vitamine B12 : carence fréquente en B16 mène à l’anémie, étant donné que la B12 ne s’active que grâce à des facteurs gastriques, s’ajoutent à cela des troubles neurologiques.
  • Calcium : dont la carence induit une réduction de la densité osseuse, fractures ostéoporotiques.

Une méta-analyse publiée dans «Osteoporosis International» (2015) a révélé que les IPP augmentent de 30% le risque de fractures osseuses.

Est-il raisonnable de traiter un problème de santé en en créant un autre ?

La solution est dans votre assiette !

Certains gestes simples et habitudes hygiéno-diététiques peuvent améliorer votre confort digestif :

Mastiquer lentement : la digestion commence dès la mastication, qui stimule la production d’enzymes digestives et réduit le travail de l’estomac.
Eviter les repas copieux et gras le soir : ils prolongent la digestion et favorisent le reflux.
Surélever la tête pendant le sommeil : une légère inclinaison limite les remontées acides nocturnes.
Limiter l’alcool, le café et les aliments épicés : notamment à jeun, ils irritent la muqueuse gastrique et favorisent l’hyperacidité.

Des alternatives naturelles validées scientifiquement

Avant de bloquer l’acidité gastrique, il est souvent préférable de renforcer la muqueuse digestive avec des actifs naturels approuvés par l’EFSA :

Alginates (issus des algues brunes) ou gel d’aloe vera : forment un film protecteur qui réduit les remontées acides.
Réglisse : favorise la régénération de la muqueuse gastrique.
Mélisse : soutient le bon fonctionnement du système digestif.
Zinc-carnosine : Une étude publiée dans le «World Journal of Gastroenterology» (2017) montre qu’il favorise la réparation de la muqueuse gastro-intestinale en cas de dyspepsie.

T.S.