Obésité et diabète en Algérie : l’équilibre des hormones du tissu adipeux au cœur du risque cardiovasculaire

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Par le Docteur Sebbah Tarik

En Algérie, plus d’un adulte sur quatre est en situation d’obésité, une condition de plus en plus fréquente et souvent associée à des complications cardiovasculaires graves. Une étude récente, publiée en 2025 dans le Journal of Clinical Medicine, s’est intéressée de près aux liens entre l’obésité, le diabète de type 2 (DT2), et certains biomarqueurs encore peu connus du grand public : les adipocytokines.

Ces petites protéines produites par le tissu graisseux jouent pourtant un rôle clé dans notre métabolisme et notre santé cardiovasculaire.

 

Une étude centrée sur les adultes algériens

Menée sur 300 participants algériens âgés de 32 à 49 ans, l’étude a comparé trois groupes : des individus en bonne santé, des personnes obèses, et d’autres souffrant de diabète de type 2, avec ou sans obésité. Les chercheurs ont analysé des marqueurs sanguins comme :

  • la leptine (qui stimule l’appétit),
  • l’adiponectine (qui protège le cœur et régule la glycémie),
  • la résistine (associée à l’insulinorésistance),
  • ainsi que des marqueurs inflammatoires comme TNF-α et IL-6.

 

Résultats marquants

  • Les participants obèses et/ou diabétiques présentaient un déséquilibre hormonal important : trop de leptine et trop peu d’adiponectine.
  • Ce déséquilibre, appelé baisse du ratio adiponectine/leptine (ALR), s’est révélé être un puissant indicateur de risque cardio-vasculaire.
  • Des niveaux élevés d’inflammation ont également été observés, ce qui accentue le risque de maladies chroniques.
  • L’Indice athérogène plasmatique (AIP), qui mesure le risque de dépôt de graisses dans les artères, était nettement plus élevé chez les sujets obèses ou diabétiques.

 

La piste du régime méditerranéen

Parmi les solutions envisageables, le régime méditerranéen se distingue comme un véritable allié santé. Riche en fruits, légumes, céréales complètes, huiles d’olive, poissons, noix et légumineuses, ce mode d’alimentation traditionnel :

  • Réduit l’inflammation,
  • Améliore le ratio adiponectine/leptine (RAL),
  • Et limite l’accumulation de graisse viscérale, responsable de nombreux troubles métaboliques.

Les chercheurs recommandent également la pratique régulière d’une activité physique, qui stimule naturellement la production d’adiponectine et améliore la sensibilité à l’insuline.

 

Rétablir l’équilibre : comment s’y initier ?

Le régime méditerranéen n’est pas un régime au sens strict du terme, mais plutôt un mode de vie alimentaire inspiré des habitudes nutritionnelles traditionnelles des pays du bassin méditerranéen, comme l’Algérie, l’Italie, la Grèce ou l’Espagne. Il est reconnu pour ses nombreux bienfaits sur la santé cardiovasculaire, métabolique et digestive. Voici les recommandations essentielles pour le mettre en place efficacement.

  • Des huiles riches en oméga-3 (huile d’olive, poisson gras)
  • Des fruits et légumes frais, riches en fibres et antioxydants
  • Des céréales complètes et légumineuses
  • Des oléagineux (amandes, noix…)
  • Une consommation modérée de produits laitiers et de viande

Ce mode alimentaire augmente l’adiponectine, réduit l’inflammation, améliore l’ALR et limite la graisse viscérale, principale responsable des complications métaboliques.

 

Un enjeu majeur de santé publique en Algérie

L’étude met en lumière l’urgence de renforcer les stratégies de prévention :

  • Valoriser les habitudes alimentaires traditionnelles : redonner au régime méditerranéen une place centrale dans l’alimentation moderne.
  • Encourager l’activité physique régulière, même modérée, accessible à tous.
  • Mettre en place des programmes de dépistage, axés sur des biomarqueurs simples comme le ratio ALR.
  • Sensibiliser les jeunes générations dès l’école à une meilleure hygiène de vie.

Le tissu adipeux n’est pas qu’un simple stockage de graisses. Il agit comme un véritable organe hormonal et inflammatoire, dont l’équilibre conditionne notre santé globale. Mieux comprendre les adipocytokines, et les intégrer dans les stratégies de prévention, pourrait révolutionner la lutte contre les maladies métaboliques en Algérie et ailleurs.

T.S. Spécialisé en nutrition & pathologie