Pari à très forts enjeux, mais pari réussi pour le 7e sommet des chefs d’État et de gouvernement du forum des pays exportateurs de gaz (Gecf), qui a clôturé ses travaux hier à Alger, avec l’adoption à l’unanimité d’une déclaration finale qui tend à esquisser un nouveau cap pour le marché gazier mondial.
PAR R. AKLI
Intervenant dans un contexte marqué par des tiraillements et des chamboulements profonds qui traversent la scène énergétique internationale depuis l’éclatement du conflit en Ukraine, le sommet d’Alger a ainsi réussi à tenir ses promesses, en fédérant à la fois les visions des producteurs du gaz autour de leurs intérêts communs et en dessinant les contours d’une nouvelle vision stratégique visant à garantir « un accès universel à une énergie abordable, fiable, durable et moderne pour tous ».
Des conditions d’organisation favorables, un poids diplomatique reconnu, un rôle de plus en plus prépondérant sur le marché énergétique mondial et une volonté marquée de défendre les intérêts des producteurs, tout en veillant à préserver ceux des consommateurs sont ainsi autant d’atouts déployés par l’Algérie pour faire aboutir ce sommet auquel ont pris part les principaux acteurs du marché international du gaz. L’événement « a été couronné de succès, grâce à une large participation », a fait valoir en ce sens le président de la République dans une déclaration à la presse à l’issue des travaux du sommet. Un avis soutenu par nombre de dirigeants de pays participants dont, notamment, le président irakien Abdul Latif Jamal Rashid, qui a tenu à souligner le rôle tenu par l’Algérie pour assurer la stabilité des marchés énergétiques mondiaux en veillant à rapprocher les positions des pays producteurs. Le président irakien n’a pas manqué de rappeler dans le même contexte « le travail pionnier » que l’Algérie a coutume d’accomplir en ce domaine et qui a déjà permis par un proche passé d’aboutir à des « accords historiques » entre pays exportateurs de pétrole. Fournisseur gazier fiable et de plus en plus incontournable, notamment pour ses partenaires traditionnels d’Europe de l’Ouest qui font face à de vives
tensions d’approvisionnements en raison des tensions géopolitiques en présence, l’Algérie conforte ainsi son rôle sur l’échiquier énergétique international en faisant du sommet d’Alger un point d’articulation pour faire converger les positions vers des objectifs communs de sécurité et d’équité énergétiques mondiales.
Tel qu’a affirmé par le chef de l’Etat à la clôture des travaux de ce sommet, la déclaration d’Alger constitue « un pas important pour relever les défis actuels et futurs » et traduit, a-t-il ajouté, « notre détermination à étendre l’utilisation du gaz avec la compétence et la durabilité requises dans un monde marqué par des mutations accélérées ». Des enjeux clairement énoncés à travers la déclaration finale du forum qui, tout en réaffirmant « les droits souverains, absolus et permanents des pays membres sur leurs ressources en gaz naturel », réitère également leur engagement à promouvoir un développement durable qui
profite à la fois aux producteurs et aux consommateurs. Le sommet d’Alger aura ainsi pleinement réussi son pari en ouvrant surtout la voie « à un dialogue solide et significatif entre les producteurs, les consommateurs et les autres parties prenantes, en vue d’assurer la sécurité de la demande et des approvisionnements, favoriser la stabilité des marchés du gaz naturel et garantir leur transparence, sans entrave ni discrimination », tel que édicté à travers la déclaration finale.
R. A