Œufs de consommation : les aviculteurs veulent exporter

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Les prix des œufs commencent à chuter

Par Zine Haddadi

De la pénurie à l’exportation, tout peut aller très vite dans la filière avicole notamment pour les œufs de consommation.

À l’heure actuelle, l’Algérie connaît une situation de surproduction dans le domaine des œufs de consommation.
Dans le but de réguler le marché et d’éviter que les producteurs ne connaissent des pertes, des démarches sont entreprises pour se diriger vers l’exportation.
Selon le président de la fédération nationale des aviculteurs, Ali Benchaiba, l’exportation est un levier de régulation.
Le représentant des aviculteurs a indiqué, dans des déclarations accordées hier à l’Algérie Aujourd’hui, que les démarches sont en cours.
Pour pouvoir exporter, il faut une autorisation du ministère du commerce, précise toutefois Ali Benchaiba.
Le ministère de l’agriculture est disposé à fournir les documents sanitaires nécessaires à l’opération de l’exportation, a souligné le responsable.
Il reste donc à convaincre le département du commerce de la nécessité de passer vers l’exportation des œufs de consommation pour éviter que les producteurs essuient des pertes, qui les dissuaderaient de produire et qui conduiraient à terme à un déficit de production, ce qui mènerait inévitablement à une nouvelle flambée des prix.

 

Le ministère du commerce appelé à autoriser l’exportation
Une réunion est prévue dans les prochains jours avec le ministre du commerce pour le convaincre de l’utilité d’accorder les autorisations d’exportation comme levier de régulation du marché local.
La régulation par l’exportation est la solution proposée pour éviter la perturbation du marché local en raison des pertes que pourraient subir les producteurs des œufs de consommation.
Ali Benchaiba rappelle qu’en 2023, la plaquette d’œufs a atteint 700 DA alors qu’elle est proposée actuellement à moins de 300 DA pour les petits calibres, à 300 DA pour le moyen et 350 DA pour les gros calibres.
« L’objectif n’est pas l’exportation en elle-même mais la régulation. Eviter les pertes pour les producteurs des œufs de consommation les incitera à ne pas baisser le rythme de production. L’opération générera de la devise. Nous avons connu pareille situation en 2022 avec une surproduction qui a fini par se retourner en pénurie quelques mois plus tard en 2023 », explique le président de la fédération nationale des aviculteurs.
L’Algérie a un bon coup à jouer en exportant tant sur le plan du marché local qu’international. Les œufs de consommation algériens sont très compétitifs, assure Ali Benchaiba qui indique que les marchés libyen et mauritanien sont preneurs.
« Chez un producteur à Ain Defla, les Libyens venaient s’approvisionner deux à trois fois par semaine car les prix sont compétitifs. Nous avons tout à gagner en exportant », argumente Ali Benchaiba.
L’offre est tellement supérieure que les prix des plaquettes d’œufs de consommation ont chuté à des prix qu’elles n’avaient pas connus depuis au moins deux ans.
Si le producteur n’est pas protégé par l’exportation, les prix exorbitants connus l’année dernière peuvent réapparaître de nouveau.

 

L’exportation, un levier de régulation du marché local 

« Il faut savoir que les œufs de consommation sont un produit sensible qu’on ne peut pas stocker en raison des risques de péremption. Si c’était de la viande blanche, on pourrait les stocker dans les chambres froides et les injecter sur le marché au fur et à mesure que le besoin se fait sentir. Pour les œufs, ce n’est pas possible », prévient le représentant des aviculteurs.
Abordant la filière d’un point de vue général, Ali Benchaiba rassure et évoque une stabilité des prix des viandes blanches pour les mois à venir.
« La production est suffisante au point que l’importation a été interrompue et même avec cela, les prix restent abordables pour les consommateurs et les marges de bénéfice garanties pour les producteurs. Nous avons des prix entre 330 et 350 DA le kilo. La situation est stable et devrait le rester pour les mois à venir », a-t-il rassuré.
Néanmoins, Ali Benchaiba pointe le manque des espaces de stockage, à savoir les chambres froides, pour garder le surplus de production.

Z.H.