PAR AMAR R.
Dans une attaque surprise qu’elles ont menée hier à l’aube, par terre et par air, aux frontières de la bande de Ghaza, les Brigades Al-Qassam, branche militaire de Hamas, ont lancé la plus grande opération militaire contre l’occupant israélien depuis la guerre israélo-arabe de 1973.
Lors de cette opération, sans précédent au regard de son ampleur et de sa portée stratégique, appelée « Déluge d’Al-Aqsa », des commandos palestiniens ont infiltré par terre, mer et même air par l’utilisation d’ULM, les colonies israéliennes qui entourent la bande de Ghaza. Le mouvement de la résistance palestinienne a lancé aussi plus de 5000 roquettes qui ont atteint plusieurs colonies et villes sous occupation, dont Ashkelon, Ashdod, Jérusalem et Tel-Aviv, faisant au moins 200 Israéliens tués et plus de 1100 autres blessés, ont rapporté les médias israéliens. Plus de 35 soldats israéliens parmi lesquels des officiers supérieurs ont été capturés et des véhicules militaires ont été saisis.
Durant la journée, résistants palestiniens et soldats israéliens se sont accrochés dans sept villages et colonies aux frontières de Ghaza dont trois étaient toujours aux mains des combattants de Hamas. Les scènes historiques de cette attaque, notamment les séquences montrant des soldats du colonisateur traînés hors d’un char, ont tétanisé le colonisateur, notamment ses services de renseignement qui n’ont rien vu venir. Et c’est la stratégie israélienne du tout sécuritaire qui s’effondre.
Représailles sanglantes : 232 Palestiniens tués
Réalisant l’ampleur de ce qui venait de se passer, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré hier qu’Israël était « en guerre », menaçant de représailles les Palestiniens. Aussitôt, son aviation est entrée en action faisant au moins 232 civils palestiniens tombés en martyr et 1697 autres blessés lors de raids aériens israéliens contre les bâtiments et les maisons dans la bande de Ghaza. L’aviation de l’occupant n’a rien épargné : une maison à proximité du camp d’AlShate’, à l’ouest de la ville, visée par un missile blessant au moins 6 citoyens et causant de graves dommages à cette maison et aux maisons des citoyens voisins. L’aviation a également bombardé avec six missiles un site,
dans la zone d’Ansar, à l’ouest de la ville de Ghaza, le détruisant complètement et causant des dégâts aux maisons des citoyens à proximité.
En outre, les avions de guerre de l’occupation ont mené deux raids aériens contre une ambulance au sud de la bande de Ghaza et un autre ciblant l’hôpital indonésien dans la localité de Beit Lahya, au nord de la bande, ce qui a causé un martyr et des blessés parmi les citoyens. Les avions de l’occupation ont bombardé des terres agricoles avec des dizaines de roquettes, dans les zones frontalières à l’est et au nord de la bande de Ghaza,
endommageant les maisons des citoyens proches de la cible, a rapporté l’agence Wafa.
« Nous sommes en guerre et non dans une opération militaire », a déclaré Netanyahu dans un communiqué, ajoutant : « Le Hamas a lancé une attaque meurtrière soudaine contre l’Etat d’Israël et ses citoyens ». Le dirigeant de l’entité israélienne a déclaré un « état de préparation » à la guerre et ordonné de « mobiliser des réserves militaires à grande échelle ».
Hamas : une réponse aux agressions israéliennes
Pour le ministre de la défense israélien, le Hamas « a fait une grave erreur en déclenchant une guerre contre Israël », mais l’un des porte-paroles du Hamas a expliqué de son côté que cette attaque est une réponse « aux agressions israéliennes sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem » (le mont du temple pour les Israéliens). « Nous avons décidé de mettre fin à tous les crimes de l’occupation », a lancé le commandant de la branche armée du Hamas dans un message diffusé par sa télévision.
Pour sa part, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, a affirmé de son côté que les Palestiniens avaient « le droit de se défendre contre la violence des colons et des forces d’occupation ». Lors d’une réunion urgente avec les hauts responsables civils et de sécurité, le président palestinien a ordonné la protection nécessaire de la population, soulignant le droit du peuple palestinien de « se défendre contre le terrorisme des colons et des forces d’occupation ».
Les raisons de l’attaque
Cette attaque du Hamas a lieu alors que l’occupation et la colonisation se poursuivent et que la bande de Ghaza est sous blocus depuis 17 ans, sans l’espoir de voir la création d’un Etat palestinien que la communauté internationale a renvoyé aux calendes grecques.
Ce que l’Algérie a mis en exergue hier indiquant qu’elle demeure convaincue que l’occupation coloniale sioniste est « au cœur du conflit arabo-israélien » et que « mettre fin aux affres et aux tragédies découlant de ce conflit passe, sans nul doute, par le respect des droits nationaux légitimes du peuple palestinien et l’établissement de son Etat indépendant sur les frontières de 1967 avec El-Qods pour capitale », selon un communiqué du ministère des affaires étrangères.
Cet avis est partagé par l’Arabie saoudite, qui a renouvelé son appel à la communauté internationale pour qu' »elle assume ses responsabilités et active un processus de paix crédible qui conduise à une solution à deux États (palestinien et israélien), de manière à assurer la sécurité et la paix dans la région et à protéger les civils ». Riyad a appelé hier à la cessation immédiate des affrontements entre Israël et les Palestiniens et a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle mette en place un processus de paix conduisant à une solution à deux États.
Pour sa part, le président Recep Tayyip Erdogan a aussi « exhorté les parties à rester à l’écart des mesures impulsives qui aggraveront les tensions », appelant Israéliens et Palestiniens à agir avec retenue. La Turquie continuera de s’opposer à toute tentative contre la mosquée Al-Aqsa, a ajouté Erdogan. « Mettre fin à l’effusion de sang dans la région est notre priorité. La manière d’y parvenir passe par la protection de la justice et du droit international », a déclaré Erdogan.
L’Occident «oublie» les Palestiniens
A travers le monde entier, les attaques de Hamas ont suscité une cascade de réactions. Le chef de l’ONU a appelé à « éviter un élargissement de la conflagration ». L’UE, l’Otan et les Etats-Unis ont condamné les attaques qui ont frappé l’entité sioniste, éludant complètement tout ce que subissent les Palestiniens. De même, Emmanuel Macron a « condamné fermement les attaques » et s’est dit convaincu que « la France est solidaire d’Israël et des Israéliens, attachée à leur sécurité et à leur droit de se défendre », « le Royaume-Uni soutiendra toujours le droit d’Israël à se défendre », assure son ministre des affaires étrangères James Cleverly.
De son côté, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a appelé « les parties palestinienne et israélienne à un cessez-le-feu immédiat, à renoncer à la violence et à faire preuve de la retenue nécessaire ». Aussi, les gouvernements marocain, émirati, jordanien et
égyptien ont dénoncé l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », comme c’est de coutume, soulignant la nécessité de faire preuve de retenue et de mettre fin à l’action armée.
A. R.