ONU, UA, Ligue arabe : le constat lucide de Tebboune

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Par Djilali B.

 

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a vertement critiqué l’ONU et les organisations régionales en ce sens qu’elles ont montré leurs limites et se sont avérées inopérantes, incapables d’assumer les missions pour lesquelles elles ont été créées. Cela va de l’ONU qui a totalement failli ces deux dernières décennies à prévenir ou imposer des solutions politiques et l’application de ses propres résolutions. Le comportement criminel et génocidaire du gouvernement israélien qui défie et nargue le monde est la parfaite illustration de la faillite de l’ONU dont les pouvoirs sont concentrés entre les mains des membres permanents du Conseil de sécurité où siègent des pays soutenant ouvertement, militairement et financièrement les opérations d’épuration ethniques en Palestine.

Et le président Tebboune qui évoquait devant la presse la situation au Moyen-Orient n’a pas caché son pessimisme quant au risque d’embrasement de la région. Prenant sans doute le silence et la complaisance de la communauté internationale à son égard pour un quitus d’impunité, Israël a entrepris d’attaquer le Liban et passer après à des attaques contre l’Iran. Une sombre perspective pour la région avec la complicité des Occidentaux alliés d’Israël qui n’arrive plus à maîtriser la folie meurtrière de Netanyahou qui fait de l’escalade son programme gouvernemental. Pis encore, les Etats-Unis menacent par leur renfort militaire dans la région quiconque tente de freiner l’élan meurtrier et expansionniste de Netanyahou, qui veut reconfigurer politiquement le Moyen-Orient par la guerre et la liquidation des leaders hostiles à son projet.

«Au vu de ce qui se passe, un embrasement n’est pas impossible au Proche-Orient. On est rentré dans la loi de la jungle, le droit international est bafoué», a affirmé le président de la République en mettant à l’index l’impuissance de l’organisation des Nations unies en raison principalement du fonctionnement de ses instances, dont le Conseil de sécurité qui ne joue pas son rôle.

A ce propos, Abdelmadjid Tebboune appellera une nouvelle fois à la réforme de l’ONU et «à la révision du fonctionnement des Nations unies». «Il faut revoir l’ONU radicalement. Cinq pays gouvernent le monde. C’est la loi du plus fort», a-t-il relevé. L’Algérie plaide pour, entre autres, l’admission de l’Union africaine au Conseil de sécurité, ce qu’elle a désigné par la réparation d’une erreur historique qui a marginalisé un continent en entier. Tout comme l’octroi d’un pouvoir exécutoire aux décisions votées à l’Assemblée générale, qui représente la majorité des pays du monde. Ce pouvoir est concentré aujourd’hui entre les mains des membres du Conseil de sécurité, qui sont eux-mêmes directement ou indirectement impliqués dans tous les conflits en cours dans les différents continents.

Le président de la République a fait également un constat accablant de «la réalité» de la Ligue arabe dont les membres n’arrivent pas à dégager un consensus même sur les questions qu’ils déclarent défendre, dont la question palestinienne qu’ils ont fait dériver vers le champ religieux et dont ils soutiennent désormais non pas la cause mais, différemment, les acteurs et les partis et les factions de la résistance politique et armée. Il est aussi surprenant de voir l’ambivalence de ces membres lorsqu’Israël a attaqué le Liban. Les opérations israéliennes au Liban sont tout aussi condamnables, mais il est regrettable de constater que les réactions ont occulté le drame des Palestiniens. D’autant plus que cela se déroule dans le périmètre de la Ligue arabe qui semble tétanisée.

 

Une Ligue arabe inefficace

«La Ligue arabe est inefficace. Les pays arabes sont individualistes», a fait constater Abdelmadjid Tebboune, qui, si l’on peut dire, déplore cette mutation néfaste pour l’organisation et son fonctionnement. Pour preuve, a-t-il ajouté, «les fonds de financement de la Ligue arabe sont inopérants». Plus grave encore, a-t-il asséné, «il y a des clans régionaux». D’ailleurs, aucune des réformes de l’organisation arabe proposées n’a abouti. Et la voix de la Ligue continue de sombrer dans les silencieuses profondeurs sans échos, ignorée, y compris par ses alliés et partenaires étrangers.

L’Union africaine n’a pas, pour sa part, échappé au constat du Président, qui n’a d’ailleurs pas manqué de l’égratigner en répondant à la question du journaliste. Comme si le saut qualitatif réalisé après son passage de l’Organisation de l’unité africaine à l’Union africaine avec des instances, une structure et un fonctionnement que, par ailleurs, tentent de bloquer certaines puissances étrangères, prenait un autre chemin, contraire à sa philosophie et à sa Charte. Est-elle d’ailleurs incapable aujourd’hui d’influer et d’intervenir pour «solder» les éternels conflits qui minent le continent ? La RD Congo, le Sahel, la Libye, ou encore plus proche et plus meurtrier, le conflit du Soudan où la voix de l’UA est inaudible ; l’UA qui part à Moscou et Kiev proposer ses bons offices pour faire taire les armes. Ou encore cet entêtement à offrir un siège d’observateur à l’Etat sioniste sans consensus ni raison valable. Ce pourquoi M. Tebboune a affirmé que «l’Union africaine commence à entrer dans des conflits qui ne la concernent pas».