La guerre contre la corruption, qui se poursuit sans relâche à l’intérieur du pays comme à l’étranger pour extirper les racines de ce phénomène, s’est soldée par un chiffre de 20 milliards de dollars de biens récupérés par la justice et qui comprend des biens immobiliers et industriels, des bateaux. et des avions, suivant un décompte dévoilé hier à l’APN.
Dans un bilan d’étape des trois dernières années de l’opération de lutte contre la corruption et de récupération des biens dilapidés par les oligarques, Abderrachid Tabi, ministre de la Justice, garde des Sceaux, a livré, avec force détails, des chiffres édifiants sur le montant et la nature des biens récupérés depuis 2019.
Pour autant, M. Tabi a fait état de la saisie par la justice des biens suivants : 4213 biens immobiliers, 401 terrains industriels, des dizaines d’usines dont celles de ciment à Relizane, sidérurgie à M’sila et à Berrahal (Annaba), montage de véhicules à Boumerdès, et de véhicules lourds à Tiaret, Saïda de marque (Suzuki), Blida, Relizane (Sovac).
A cela s’ajoutent 229 assiettes agricoles ayant une superficie globale de plus de 5000 ha, 425 domaines (dont 44 terrains, 211 villas et 1500 appartements implantés dans des grandes wilayas) ont été également récupérés, a encore révélé le ministre de la Justice.
Il s’agit également de la saisie d’usines d’huile de table à Jijel, Oran, Alger qui sont également entrées dans le domaine commercial de l’Etat et dont la situation a été assainie par une supervision directe de la justice, a-t-il ajouté.
Lors de son intervention à l’APN, le ministre de la Justice a fait savoir en outre la saisie de plus de 23.000 véhicules dont des voitures de luxe, des avions et des bateaux, et aussi 40.203 camions et bus et 7236 machines agricoles, en citant dans la foulée une importante quantité de bijoux de grande valeur et d’autres biens dans le cadre de cette opération.
20 milliards de dollars n’est qu’une première estimation
Cela étant, le ministre de la Justice, qui a joué à fond la transparence devant les représentants du peuple, a confirmé ce que nous avions écrit dans l’une de nos dernières éditions.
A savoir que ce montant mirobolant de 20 milliards de dollars de biens récupérés n’était en fait qu’«une première estimation de l’opération qui se poursuit toujours» et «est susceptible de connaître une augmentation, d’ici demain, en attendant des jugements et décisions définitives à chaque étape de cette opération de récupération», a soutenu M. Tabi.
«Le traitement des dossiers de la corruption qui a été entamé en 2019 a pris fin en 2021, et maintenant nous sommes en train de traiter les affaires qui ont été enrôlées en 2022», a expliqué M. Tabi, qui intervenait hier d’une session plénière à l’APN. Ce traitement judiciaire, a-t-il affirmé encore, a donné lieu à
«des verdicts et jugements finals qui comportent des décisions d’inculpation de personnes physiques et morales qui ont été reconnues coupables d’avoir commis ces crimes, ainsi que des décisions de saisie de biens».
En réitérant que la justice a achevé le traitement de la majorité de ces affaires, M. Tabi a estimé qu’«il est du droit du peuple de savoir où en sommes-nous avec cette opération de lutte contre la corruption et de récupération des biens détournés et qu’il est temps de lui donner des chiffres et qui sont très proches de la réalité».
Collaboration avec les justices de plusieurs pays
Ce bilan encore provisoire est le résultat d’«une collaboration avec nos homologues étrangers qui ont été convaincus par le sérieux et la crédibilité de la démarche de l’Algérie, et qui se sont rendus comptes du degré des dégâts infligés à l’économie nationale», a enchaîné M. Tabi.
Et de poursuivre : «Les juges algériens travaillent directement avec ceux de France, d’Italie, des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et d’Espagne. Avec ces pays, il y a eu plusieurs rencontres, notamment avec la partie américaine, où nous sommes à la troisième rencontre, lors des déplacements ou par via vidéoconférences.»
L’opération de récupération des biens détournés vers l’étranger est en bonne voie, a-t-il dit, avant de clore ce chapitre.
Tabi a, sur sa lancée, rendu hommage aux services de l’Etat relevant de la justice et des services de sécurité qui ont «adhéré à cet effort national pour la lutte contre la corruption» durant ces trois dernières années, sans omettre de citer entre autres les banques, les institutions financières et les conservations foncières.
Réponse « aux sceptiques »
Tabi a en outre tenu à répondre à ceux qu’il a qualifiés de « sceptiques » qui ne croient pas en le bilan présenté par l’Etat en matière de récupération des fonds détournés, en disant « vous voulez minimiser les efforts déployés par les différents organes de l’Etat, qui ont déclaré une guerre féroce pour la récupération de ces fonds, mais nous continuons dans ce processus et nous avons tous les détails de ce bilan dans un rapport de 1.400 pages ».
« De nouveaux chiffres détaillés vous seront fournis en temps voulu, car il est de notre devoir d’éclairer l’opinion publique sur la récupération de ses fonds détournés au niveau national et international, en ce sens que le citoyen a le droit de connaître le processus des fonds récupérés », a assuré le ministre.
A.R.