Oran : des kidnappings pour financer le terrorisme

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Par S. Ould Ali

 

Un réseau terroriste activant avec des organisations subversives établies à l’étranger a été découvert dans le sillage d’une enquête sur la disparition d’un mineur à Oran.

 

C’est ce qui est ressorti d’un communiqué rendu public hier par le parquet du tribunal Fellaoucene, anciennement Cité Djamel. Selon ce document, l’alerte sur la disparition du mineur, répondant aux initiales de
B. A. D., a été donnée par ses parents le 26 février dernier. Les investigations lancées par les services spécialisés de la police judiciaire relevant de la sûreté de wilaya d’Oran ont permis de déterminer que le disparu avait été aperçu pour la dernière fois, deux jours auparavant, dans le quartier populaire d’El Barki, en compagnie d’un autre mineur, qui sera identifié comme répondant aux initiales de B. A. B.

L’examen des caméras de surveillance montrera que ledit B. A. B. avait effectué des allers-retours entre El Barki et la localité d’El Kerma, distante d’une dizaine de kilomètres à l’Est d’Oran. Ayant eu vent qu’il était recherché par la police, il disparaîtra finalement dans la nature.

Une enquête approfondie permettra aux policiers de remonter la piste de B. A. B., jusqu’à sa maison où, par ailleurs, le téléphone du disparu avait été situé par géolocalisation.

Le 13 mars, une perquisition a été effectuée au domicile en question où vit un certain A. D. D., surnommé Abou Abdallah El Djazairi, avec son épouse, deux filles majeures et le mineur recherché. Les vérifications d’identité révèleront que l’homme est connu des services de sécurité, qu’il avait été impliqué dans une organisation subversive en Syrie et avait été condamné à de la prison pour terrorisme. Il reconnaîtra qu’après avoir purgé sa peine, il avait repris ses activités criminelles en kidnappant des personnes appartenant à des familles aisées pour toucher des rançons destinées à financer son organisation. Il faisait d’ailleurs l’objet d’un mandat de recherche, précise encore le communiqué.

Une longue fouille conduira à la découverte de morceaux du cadavre de l’adolescent kidnappé un peu partout dans la localité d’El Kerma, y compris dans une décharge sauvage.

L’examen du téléphone d’Abou Abdallah El Djazairi révélera la photo d’un autre cadavre : celui de A. M., un jeune homme de 23 ans qui avait disparu le 18 août 2024 du domicile familial situé à l’USTO. Interrogé, le suspect avouera avoir également kidnappé le vingtenaire, l’avoir tué et enterré à Haï Emir Abdelkader, à quelques kilomètres de là. Le suspect n’opposera aucune difficulté pour conduire les enquêteurs à l’endroit où il a enterré sa victime. Quelques os seront retrouvés et les analyses ADN détermineront qu’il s’agit bien de A. M.

A. D. D., son épouse, les deux filles et le fils mineur seront mis aux arrêts : l’homme sera poursuivi pour appartenance à un groupe terroriste, kidnapping d’enfants, séquestration par la force, torture pour paiement de rançon et profanation de dépouilles au sein d’un groupe criminel organisé.

Le reste des suspects fera face aux accusations de kidnapping d’enfants au sein d’un réseau criminel et torture ayant conduit à la mort.  

L’enquête sur la disparition de B. A. D. a peut-être levé le voile sur un vaste réseau terroriste et de kidnapping qui active sur le territoire national pour financer des groupes étrangers. En tous les cas, un dossier a été ouvert et quatre personnes ont déjà été arrêtées à Tlemcen, Blida, Batna et Tébessa.