Par S. Ould Ali
Les Oranais s’inquiètent pour le devenir de Sidi El Houari. Depuis quelques années, le relogement des habitants résidant dans des logements menaçant ruine de ce quartier historique s’accompagne de la démolition quasi-automatique des habitations vidées. Ainsi, samedi dernier, le transfert de quelque 170 familles dans des logements neufs au pôle urbain Ahmed Zabana a donné lieu à la destruction d’un immeuble haussmannien, boulevard Stalingrad. Une vidéo de l’opération a d’ailleurs été largement partagée sur les réseaux sociaux, réveillant les craintes des citoyens attachés à leur patrimoine historique : «On rogne chaque jour une partie du vieil Oran», s’inquiète notamment une architecte qui s’interroge sur le sort du projet de réhabilitation annoncé du quartier mythique.
Pourtant, pour les autorités locales, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Dimanche dernier, lors d’une réunion consacrée à l’examen de la situation du quartier de Sidi El Houari, le wali d’Oran, Samir Chibani, a réaffirmé son attachement à «la réhabilitation du quartier historique» en assurant que les assiettes foncières récupérées serviront à la construction de nouveaux logements «respectant le style architectural traditionnel du quartier».
L’Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI), l’Agence nationale pour l’amélioration et le développement du logement (AADL) et l’Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI) seront chargés de cette mission dans le cadre du programme du Logement promotionnel aidé (LPA). Le responsable de l’exécutif a, par ailleurs, donné des instructions pour le recensement de l’ensemble des assiettes foncières récupérées afin de les affecter à des projets résidentiels.
Le choix de démolir au lieu de réhabiliter des constructions très anciennes a toujours posé problème entre les autorités locales et les partisans de la restauration. Pour les premières, la démolition est parfois inévitable essentiellement pour éviter les effondrements et empêcher l’apparition d’indus occupants, alors que les tenants de la réhabilitation affirment qu’il existe d’autres moyens pour tout à la fois préserver et moderniser le quartier tout en préservant sa mémoire. Le débat n’a pas encore été tranché et les opérations de relogement qui s’accompagnent par la destruction des anciennes bâtisses continuent de diviser.
En tout état de cause, les uns et les autres s’accordent sur la nécessité de préserver le quartier de Sidi El Houari et ses constructions qui témoignent de l’histoire tumultueuse d’Oran.
Il reste juste à s’entendre sur les meilleurs moyens d’y parvenir.