Par S. Ould Ali
Entrée dans une nouvelle dynamique économique depuis plusieurs années, la wilaya d’Oran multiplie les projets de développement et de modernisation de ses infrastructures pour réaliser son ambition d’accéder au statut de métropole méditerranéenne au même titre que les grandes villes du bassin. Tous les secteurs ont ainsi bénéficié de projets d’envergure et d’investissements massifs dans les secteurs de la santé, l’habitat, les routes, le tourisme, les sports… qui, de l’avis de tous les observateurs et spécialistes, ont enregistré un bond qualitatif significatif. Pour autant, il manque toujours ce «petit» quelque chose qui permettra à la population d’El Bahia de profiter pleinement de ces réalisations.
Sur le plan de la santé, Oran devrait inaugurer cette année l’Institut national de recherche sur le cancer, premier établissement du genre en Algérie, entièrement dédié à la recherche et le traitement pour consolider la lutte contre cette pathologie. De même qu’un nouvel hôpital spécialisé dans la pneumologie est en construction à Bethioua, daïra située à l’est d’Oran, pour renforcer les capacités de soins pour les maladies respiratoires. Et ce n’est pas tout puisque l’EHU 1e Novembre doit ouvrir le premier centre d’Intelligence artificielle et de numérisation 3D en Afrique afin de former les professionnels de santé à l’intégration des technologies avancées dans les soins. Il y a également l’hôpital des Grands brûlés, celui de traumatologie à Oued Tlélat (à la sortie est d’Oran), les nouveaux hôpitaux de Gdyel, El Kerma ou Nedjma (qui avait servi d’hôpital de référence lors de la Covid-19)… Bref, le secteur de la santé à Oran a enregistré de grandes avancées qui devraient, dans quelque temps, satisfaire les besoins en soins des Oranaises et des Oranais.
Nouvelles cités
Au registre de l’habitat, la capitale de l’Ouest algérien poursuit son programme de construction de nouvelles cités et des opérations de relogement pour résorber le vieux bâti. Du pôle d’Oued Tlélat au pôle d’Ahmed Zabana de Misserghine, en passant par les multiples cités construites dans le tissu urbain de la ville ou à sa périphérie, ce sont des milliers de logements, tous types confondus, qui ont été distribués, même si la demande demeure toujours assez forte (les estimations évoquent plus de 40 000 demandes). Mais les efforts se poursuivent pour transférer tous les mal logés dans de nouvelles habitations en phase de construction à Gdyel, à Mers El Hadjadj, Es Sénia… Mais souvent, les habitants des nouvelles cités se plaignent du manque de transport, de l’insécurité ou de l’absence des écoles pour leurs enfants. Et là encore, la direction des transports et celle de l’éducation tentent, avec plus ou moins de réussite et dans des délais plus ou moins courts, de résoudre ces problèmes qui minent le quotidien des habitants.
Côté transport, de très nombreux Oranais sont soumis à un calvaire qui ne dit pas son nom. Si le tramway, réalisation phare de 2013, offre des solutions aux habitants de la ville et de l’ensemble des quartiers situés à proximité des rails qui vont d’Es Sénia (sud) à Sidi Maarouf (ouest) via le centre-ville sur une distance de près de 19 kilomètres, la situation est différente pour les résidents des autres quartiers qui doivent endurer l’anarchie, le manque de moyens de transport (bus et taxis) et, souvent, les dangers provoqués par des chauffeurs inconscients. En fin de journée, des centaines d’Oranais sont visibles, un peu partout, faisant le pied de grue aux arrêts de bus en espérant rentrer chez eux rapidement, dans de bonnes conditions et sans avoir à endurer la circulation qui devient tous les jours plus dense.
Et pour améliorer le transport vers le pôle urbain de Belgaïd, les autorités locales envisagent d’étendre le tracé du tramway jusqu’à cette partie est d’Oran qui n’arrête pas de s’étendre et dont la population croît de façon exponentielle. On ignore la date exacte du lancement des travaux, mais ce projet – dépoussiéré après des années d’incertitude – devait être entamé cette année 2025.
Avec son pôle universitaire, le Village méditerranéen et son complexe olympique (qui a accueilli les Jeux méditerranéens 2022, le CHAN 2023 et, désormais, tous les événements sportifs d’envergure) et l’ensemble des infrastructures publiques, Belgaïd est le symbole de la direction prise par la stratégie de développement économique d’Oran.
On ne peut pas parler de transport et de circulation automobile sans évoquer la réalisation en cours de la trémie dit de la Pépinière, à la sortie est d’Oran, sur la RN 11 menant vers Mostaganem. Enorme goulot d’étranglement qui a vu parfois des automobilistes rester coincés pendant deux heures, le rond-point de la Pépinière devrait se métamorphoser. La réception de ce projet, pour lequel 755 millions DA ont été mobilisés, est prévue dans trois mois, et devrait mettre fin au calvaire de milliers d’automobilistes qui transitent pas ce rond-point.
Destination touristique d’excellence
Qui dit Oran, dit tourisme. Et les efforts déployés pour faire de la wilaya une «destination touristique d’excellence ne sont plus à démontrer. Alors que 206 établissements hôteliers offrent plus de 21 000 lits, 13 nouveaux hôtels devaient être réceptionnés en 2024 et une dizaine d’autres pour l’année en cours. A côté de cela, des espaces de détente sont régulièrement aménagés comme le jardin de Sidi M’hamed, le Jardin méditerranéen, ou encore le nouveau parc de Seddikia (inauguré l’été dernier en lieu et place des «Batimat Talian» démolies). Par ailleurs, les autorités viennent de relancer «Habibas Land», sur le boulevard Millénium, un parc d’attraction qui devrait être réceptionné en juillet. Le parc comprendra notamment un centre de loisirs, un parking à étages et dix nouvelles attractions modernes. Dans un second temps, un hôtel, une salle des fêtes et plusieurs espaces commerciaux seront construits pour renforcer l’attractivité du parc.
Deuxième wilaya du pays, Oran est également un pôle économique important. Avec 20 zones industrielles et d’activités abritant des entreprises de différents secteurs économiques, elle joue un rôle important dans la région. Oran, c’est aussi Tosyali, Sorfert (urée et ammoniac) Fertial (engrais azotés et phosphatés), Renault-Algérie (montage automobile), Fiat-Stellantis…
Par ailleurs, près de 9000 entreprises sont enregistrées dans divers segments comme l’agroalimentaire, la construction, les services et le commerce international.
Plateforme des échanges commerciaux, le port d’Oran traite annuellement des volumes de marchandises plus ou moins importants. En 2023, il a ainsi traité plus de 10 millions de tonnes de marchandises, incluant des produits agricoles, des biens industriels et des matières premières.
En 2024, près d’un million de tonnes de produits agricoles ont été exportées depuis le port d’Oran vers divers pays, notamment l’Arabie Saoudite, le Vietnam, la Belgique et la Russie. Les produits exportés incluent les dattes, la pastèque, l’ail et le maïs sans gluten. Le port d’Oran, qui assure des liaisons régulières vers la France et l’Espagne, gère également la pêche et le transport maritime.
D’autres projets sont en cours de réalisation ou ne devraient pas tarder à voir le jour à Oran qui a des ambitions méditerranéennes qu’elle peine pourtant à atteindre.
La faute à divers facteurs, dont le manque d’exploitation des infrastructures modernes, la persistance de pratiques administratives désuètes dans certains secteurs, la faible valorisation des espaces naturels et des sites patrimoniaux, ou encore des problèmes liés à l’urbanisme.
Autant de défis à relever pour espérer atteindre le statut de capitale méditerranéenne.