Ouverture du 18e atelier de la LOPIS à Alger : Belmehdi appelle à déraciner la violence

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Par Djilali B.

 

Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a réaffirmé, hier à Alger, dans son allocution à l’ouverture des travaux du 18e atelier de la Ligue des oulémas, prêcheurs et imams du Sahel (LOPIS), sous le thème «Défis de développement et de paix au Sahel» qu’il ne peut y avoir de développement sans sécurité en précisant qu’il y a une soixantaine de sécurités qui concourent au développement durable des nations. M. Belmehdi a par ailleurs rappelé le tournant diplomatique et de coopération opéré par l’Algérie lorsque le président de la République a rétabli la boussole dans sa direction naturelle et l’Algérie a redécouvert sa profondeur africaine. Il a rappelé, à ce propos, la création de l’Agence nationale d’investissement dotée d’un capital d’un milliard de dollars pour apporter «un soutien financier et moral» pour les pays du continent. «L’Algérie a tendu sa main pour l’Afrique, pour son développement, pour la paix et la sécurité sans attendre de contrepartie», dit-il en saluant cette Afrique reconnaissante qui a donné sa voix pour l’élection de l’Algérie à la vice-présidence de la Commission africaine. Gage aussi de cet intérêt particulier, l’institution d’un Secrétariat d’Etat auprès du ministère des Affaires étrangères chargé des Affaires africaines. Le ministre a encouragé les membres de la LOPIS à «libérer la région du Sahel de ses entraves, de ses écueils et de ses freins», plaidant pour l’entraide afin de vaincre la violence. «Nous avons besoin de nous entraider pour déraciner la violence», a insisté M Belmehdi avant de déclarer ouverts les travaux de la rencontre. Le président du HCI qui l’a précédé a, pour sa part, mis en avant les dimensions historique et anthropologique de la civilisation africaine. Il a également appelé lui aussi à œuvrer pour éradiquer cette violence qui maintient dans un niveau insupportable de sous-développement la région.

 

Diplomatie religieuse

Mohamed Hassouni, conseiller à la Présidence, a, dans son intervention, insisté sur la diplomatie religieuse comme axe dans la stratégie globale de lutte contre l’extrémisme. Plaidant pour une approche multidimensionnelle, M. Hassouni a indiqué qu’il y a plusieurs solutions dont l’option des leaders religieux qui ont une grande influence dans les sociétés africaines. Cela doit être complémentaire des dimensions socioéconomiques indispensables pour éliminer des causes de l’extrémisme et de la violence.

Il a préconisé la réappropriation de l’Islam soufi et de ses ligues qui ont des prolongements à travers le continent et de réactiver ces voies qui sont des piliers importants et un bouclier de sécurité contre l’extrémisme. Favorable à l’approche de Mohamed Moghrebi, il a souligné l’importance de la formation et la nécessité de créer un climat favorable pour la réappropriation du soufisme et de son rôle spirituel et humanitaire. Et face au discours extrémiste, le conseiller à la Présidence a appelé à adopter la méthode de Moghrebi qui a abordé les différentes facettes de la vie de la société et de la nation tout en adoptant, a-t-il insisté, un discours réformiste.

 

Intrusion du discours de la haine

Le recteur de la Grande Mosquée d’Alger, Djamaa El Djazair, Mahmoud El Kassimi El Hassani, a abondé dans le même sens tout en déplorant l’intrusion du discours de la haine et de la violence dans la région du Sahel dont il considère la situation de crise, conflictuelle et de terrorisme comme une tentative hégémonique des anciennes puissances coloniales, qu’il désigne par leurs (des groupes terroristes) maîtres, pour installer un climat de terreur pour pouvoir continuer à piller les richesses de cette région.

Il a ainsi décliné un plan pour une action commune en quatre points. La réforme du système éducatif et de l’enseignement supérieur de telle sorte à se libérer de l’esprit colonial. La lutte contre la pauvreté et l’ignorance à travers notamment le développement rural, pour améliorer la situation des populations. Se libérer, a-t-il insisté, de la dépendance financière des autres pays, parce que, a-t-il souligné, sans indépendance financière, on demeure prisonnier. Et enfin, il a proposé de relier les pays du Sahel avec des infrastructures modernes, l’intégration économique et la possibilité d’investir dans les régions enclavées.

Il a appelé par ailleurs à revenir à la référence religieuse unitaire et commune pour «offrir à nos enfants l’immunité religieuse», a-t-il indiqué.

Il a enfin déclaré que la Grande Mosquée d’Alger est disposée à participer avec la LOPIS dans ses activités pour la paix et la sécurité et a annoncé sa disposition à accueillir, à l’institut de la Mosquée, La Maison du Coran, en priorité les étudiants de la région et du continent, abriter dans son enceinte des activités de la LOPIS et travailler ensemble pour créer une nouvelle dynamique dans la pensée islamique.

Le président en exercice de la LOPIS, Boubakar Oualar, a plaidé pour une approche globale dans ce combat contre le terrorisme et l’extrémisme qui ne peut se gagner sans développement économique durable. De son côté, le Secrétaire général de la Ligue, Khemissi Bezaz, a proposé de s’inspirer du sacrifice des combattants et martyrs pour l’indépendance des pays de la région pour faire face aux multiples défis auxquels ils sont confrontés. Il a plaidé ainsi pour la complémentarité entre les pays de la région riches par leur jeunesse, leurs élites et leur glorieuse histoire, a-t-il indiqué. Cela passe aussi, selon lui, par l’investissement dans des projets économiques, culturels et de santé.