Paris-Rabat : connivence coloniale

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Par Amar R.

 

La visite de la ministre de la Culture française, Rachida Dati, au Sahara occidental suscite la colère des Sahraouis, qui interprètent ce geste comme une légitimation d’une colonisation illégale par le Maroc des territoires sahraouis occupés. Pour l’Algérie aussi, la visite de la ministre française au Sahara occidental traduit un «mépris insigne de la légalité internationale».

Le gouvernement sahraoui a condamné la visite de la ministre française de la Culture dans les villes occupées de Dakhla et Laâyoune, la considérant comme «un acte hostile et provocateur, qui ne peut être interprété que comme une tentative flagrante de légitimer l’occupation».

Dans un communiqué publié par le ministère de la Culture, le gouvernement sahraoui a expliqué que «cette visite suspecte, qui comprenait l’inauguration d’installations culturelles dans les villes occupées de Laâyoune et Dakhla, révèle le vrai visage de la position française complice des politiques marocaines de colonisation et d’expansionnisme, en défiance flagrante du droit international et en mépris total des droits internationalement reconnus du peuple sahraoui, dont le premier est son droit à l’autodétermination et à l’indépendance».

L’Algérie a réagi aussi, considérant que la visite d’un membre du gouvernement français au Sahara occidental est d’«une gravité particulière» et traduit un «mépris insigne de la légalité internationale» de la part d’un membre permanent du Conseil de sécurité.

«Elle aide à la consolidation du fait accompli marocain au Sahara occidental, territoire où un processus de décolonisation reste inachevé et où l’exercice d’un droit à l’autodétermination demeure inaccompli», lit-on sur un communiqué du ministère des Affaires étrangères..

Enfin, «la visite malvenue du membre du gouvernement français renvoie l’image détestable d’une ancienne puissance coloniale solidaire d’une nouvelle. Ce faisant, le gouvernement français se disqualifie davantage et s’isole par rapport à l’action des Nations unies visant à hâter un règlement du conflit du Sahara occidental sur la base d’un strict respect de la légalité internationale», conclut le communiqué.

Lobbying pro-marocain et corruption

L’annonce de la création d’une alliance française à Laâyoune occupée, dans un contexte de tension avec l’Algérie, né du revirement de la position de Paris sur le Sahara occidental, traduit la fuite en avant de Macron et sa soumission totale au lobbying pro- marocain de la part d’une Rachida Dati au passé riche en scandales de lobbying exercé, en accointance avec l’extrême droite en France.

L’actuelle ministre de la Culture, qui n’a jamais démenti avoir gardé le cordon ombilical avec le Maroc, a été mise en cause notamment dans le cadre d’un dossier visant une filiale de Renault, dite «l’Affaire Ghosn» et attend son éventuel procès pour corruption et trafic d’influence passif.

Le Parquet financier français a affirmé qu’il souhaitait juger Rachida Dati pour des faits de corruption et de trafic d’influence aux côtés de Carlos Ghosn, ex-PDG de Renault-Nissan. Le parquet soupçonne la ministre d’avoir perçu près de 900 000 euros entre 2010 et 2012 de la part de Renault pour exercer une forme de lobbying au profit du Maroc pour l’ouverture à Tanger d’une usine d’automobile de la marque au losange.

Hormis son implication dans l’affaire Carlos Ghosn, la ministre de la Culture Rachida Dati traîne aussi d’autres casseroles. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a récemment reçu un signalement très précis à son encontre de la part de l’homme d’affaires, Tayeb Benabderrahmane qui l’a informé d’une dette que Mme Dati aurait contractée à son égard. En l’occurrence, il affirme avoir réglé plusieurs billets d’avion, en 2016 et 2017, en classe affaires à destination du Maroc. Une ardoise de quelque
43 100 euros. Pour entrer dans ses frais, l’homme d’affaires a même fait signifier la facture par acte d’huissier à l’intéressée.