Par Brahim Aziez
Le début de semaine a été marqué par des pluies assez consistantes à travers diverses régions du pays, mêmes si elles n’ont pas duré dans le temps, et qui devront reprendre de plus belle dès demain, avec des chutes de grêle qui pourraient affecter certaines régions. Une annonce qui réjouit les uns, mais attristent d’autres. Les agriculteurs particulièrement.
Cela a commencé samedi avec des averses de pluies orageuses, accompagnées localement de vents violents et de soulèvement de sable ayant affecté plusieurs wilayas, dont 2 du sud du pays (Tindouf et Béni Abbès) ont été classées en vigilance orange. Cela s’est étendu, dimanche et lundi, à l’Est (Jijel, Béjaïa et Bordj Bou- Arréridj), l’Ouest (Relizane, Mascara, Sidi Bel-Abbès, Saida, Tlemcen et Naâma) et le centre du pays (Boumerdès, Tizi-Ouzou, Alger, Médéa et Bouira). Les choses commenceront à se gâter à partir de demain où les épisodes d’averses orageuses reprendront un peu partout, jusqu’à jeudi, avec des risques de chutes de grêles dans certaines régions du centre et de l’est du pays.
Les experts sont unanimes à dire que ces précipitations ne sont pas vraiment bénéfiques pour l’agriculture en cette période. Ils sont tout aussi unanimes à dires que les grêles pourraient causer des dégâts.
Pour l’expert agronome, Mokrane Nouad, il est clair que la période n’est pas propice aux pluies pour les agriculteurs. « Qu’il s’agisse des céréaliculteurs qui ont entamé leurs semis en septembre-octobre et arrivent à maturité, ou des arboriculteurs qui voient certaines de leurs cultures fleurir en cette période, à l’instar des néfliers, des oliviers et des abricotiers, les cultures seront plus touchées par la grêle que par la pluie, surtout que ces derniers sont plus sensibles ». Mokrane Nouad nous explique : « Pourquoi la grêle est plus dévastatrice, c’est parce que l’accident est physique ».
Mais pour l’expert, les pluies en cette période ne sont pas d’un bon apport pour les cultures, en général, celles d’avril sont les plus attendues. Mais il ne manquera de souligner que certaines cultures tardives, de céréales ou d’arbres fruitiers, pourraient être moins affectées par les pluies que celles qui arrivent à maturation.
« L’eau est la bienvenue »
De son côté, Akli Moussouni est d’un tout autre avis. L’expert agricole rappelle que le déficit pluviométrique qu’enregistre, cette année encore, le pays fait que toute précipitation est bonne pour ses apports hydriques et le rechargement des nappes phréatiques. Mais que la grêle peut causer des dommages, particulièrement aux oliviers qui représentent 70% du parc arboricole, et aux néfliers qui arrivent à maturité en cette période. « La grêle qui est tombée samedi dernier à Bouira a causé des dégâts à certains oléiculteurs et néfliers, et cinq minutes ont été suffisantes pour endommager ces cultures », dira-t-il précisant qu’il ne s’agissait pas de grandes exploitations. L’expert minimisera, toutefois, son impact par rapport à ce que peut causer le stress hydrique, sachant que l’Algérie est classée comme pays semi-aride. « L’eau, en tant que tel, reste très importante pour nous, d’autant que les précipitations de l’hiver passé n’ont été que d’un tiers de ce qui était habituel.
Il insistera en affirmant que « quels que soient les dégâts que ces pluies vont occasionner, leur apport en eau est bien plus important car l’eau c’est vital, alors qu’on enregistre un déficit dans ce domaine, et l’été pourrait être plus dur malgré le dessalement d’eau de mer qui ne sert que les foyers ». Et de conclure par « l’eau est la bienvenue, même si elle intervient en période de floraison des oliviers ». Mais pas que, puisque, selon lui, les céréales ne vont pas très bien dans certaines régions, comme les Hauts- Plateaux, où les poussées ne sont que de quelques centimètres faute de pluies régulières et abondantes en automne. Donc, ces pluies peuvent être bénéfiques pour la céréaliculture, et plus spécialement pour les régions où les semis ont été tardifs.
Sur l’étendue des dégâts que pourrait provoquer la grêle, Akli Moussouni craint que la grêle qui reste une calamité, ne fasse d’importants dégâts pour l’arboriculture, regrettant que les agriculteurs qui investissent des milliards dans leurs cultures, ne prévoient pas de filets pour faire face à ce phénomène.