PAR AMAR R.
Le ministre algérien des affaires étrangères Ahmed Attaf a répondu hier sur un ton ironique à son homologue française Catherine Colonna, qui a jugé « à contretemps » la décision de jouer l’hymne national algérien en entier lors des cérémonies commémoratives en présence du président de la République.
Dans une interview avec l’agence italienne Nova, le chef de la diplomatie algérienne ironise : « Peut-être aurait-elle pu aussi critiquer la musique. Peut-être même que la musique ne lui convenait pas. »
Le ministre des affaires étrangères algérien qui se trouvait hier en Italie pour sa première visite bilatérale à l’étranger a réagi aux propos de Catherine Colonna, en se disant d’abord « étonné par le fait que le ministre français des affaires étrangères ait cru pouvoir exprimer une opinion sur l’hymne national algérien ».
M. Attaf a souligné ensuite que « pour certains partis ou hommes politiques français, on a l’impression que l’Algérie est devenue un sujet facile à utiliser à des fins politiques ». Et d’ajouter : « Ensuite, ils nous parlent des accords sur le maintien des Algériens en France. Je ne comprends pas pourquoi ils font autant de bruit. Comme je l’ai dit plus tôt, ces gens adoptent ces attitudes pour saisir des opportunités politiques. »
Interrogée par les médias français, à propos du couplet de l’hymne algérien qui fait référence à la France, Catherine Colonna, ministre des affaires étrangères, a jugé la décision de l’Algérie de jouer l’hymne national algérien en entier lors des cérémonies commémoratives en présence du président de la République comme « hors contexte ».
Déclarations choquantes
Ces déclarations de la chef de la diplomatie française sont « choquantes, inappropriées et inacceptables », a cependant jugé l’ancien diplomate et ministre de la communication Abdelaziz Rahabi.
« Catherine Colonna n’a nullement le droit de remettre en cause une décision de souveraineté… Il est déplorable qu’un membre du gouvernement alimente un débat avec une déclaration inappropriée et inacceptable dans un contexte interne marqué par des campagnes de désinformation de la droite française qui ciblent l’Algérie et essaye de l’impliquer dans la politique migratoire française », a assuré Rahabi.
«Dérapage»
Ces propos ne passent pas aussi auprès de l’agence officielle italienne d’information Nova, qui a qualifié les dernières déclarations de la ministre française des affaires étrangères sur l’hymne national de « dérapage ».
Dans un long article consacré avant-hier à la tournée européenne entreprise par le ministre algérien des affaires étrangères Ahmed Attaf, qui a choisi Rome comme sa première escale, l’agence Nova a souligné que la Serbie et l’Allemagne font également partie du périple
d’Ahmed Attaf, « mais pas la France ».
« Le gel diplomatique avec la France se poursuit, exacerbé par le dernier dérapage de
la ministre des affaires étrangères Catherine Colonna », a écrit l’agence italienne.
Les déclarations de Colonna interviennent, rappelle-t-on, après que le président de la
République a signé un décret qui stipule que « l’hymne national est exécuté, chant et musique, dans ses 5 couplets », et rétablit un couplet qui fait référence à la France, et qui avait été « retiré » en 1986 pour des considérations politiques de l’époque.
A. R.