Par Brahim Aziez
L’Algérie vient de mettre en place son réseau national de pièces détachées automobiles produites localement. Une étape importante dans l’établissement d’un tissu industriel qui permettra le développement d’une véritable industrie mécanique et automobile dans le pays. Du coup, on est tenté de dire que le véritable départ d’une industrie automobile est amorcé. Et pour cause, l’industrie automobile ne peut s’exercer sans un véritable tissu industriel.
Et à ce titre, il y a lieu de relever que Kamel Agsous, le président de la Bourse algérienne de sous-traitance et du partenariat soulignait, il y a quelques mois, que le pays compte près de 1200 entreprises de sous-traitance qui interviennent dans les secteurs de l’industrie mécanique (mécanique de précision, usinage…), la métallurgie (fonderie…), l’électricité, l’électronique… Kamel Agsous précisait, par ailleurs, que «près de 200 entreprises peuvent fournir en pièces et composants automobiles les constructeurs locaux, dont 100 peuvent être rapidement opérationnelles».
On se rappelle qu’à l’inauguration de l’usine Fiat de Tafraoui en décembre 2023, la liste des fournisseurs de l’usine Fiat de Tafraoui était clairement affichée en face des premiers modèles assemblés. Ils étaient 12, dont ceux qui fournissaient déjà l’usine Renault de Tlélat (RAP). On peut citer Martur, Sitel, Sarel, Sealynx, mais aussi de nouveaux venus comme Tosyali, Fabcom, HTL, Formfleks, ABG, Oulad Kouider Industrie, BSTPO, Iris Tyres et Cevital. Ce dernier, qui fabrique déjà les verres plats dans son usine de Larbaâ, ambitionnait depuis quelques années de lancer son projet de fabrication de vitres et pare-brises pour véhicules. Pour l’heure, seuls Iris Tyres, IDNet, Sarel, Ghazal pour les Kits GPL, et Ferruz pour l’assemblage des pneus ont été agréés par Fiat.
Mieux encore, lors du 18e Salon de l’après-vente (Equip auto Algeria), pas moins de 29 fabricants nationaux de pièces mécaniques et plastiques, d’accessoires, de lubrifiants, filtrations et autres produits automobiles avaient brillé par leur présence, surtout que Fabcom a été agréé par Renault Algérie et Stellantis El Djazair pour fournir leurs réseaux après-vente, Motrio et Eurorepar.
Déficit d’image
Mais voilà, force est de reconnaître que certains produits algériens peinent à s’imposer sur le marché national en raison d’un déficit d’image. Un déficit creusé par le manque de communication, une carence qui s’est accentuée par l’arrêt des importations des produits qui sont fabriqués localement, supprimant dans certains cas toute concurrence, comme c’est le cas pour les huiles pour moteurs, les batteries. Mais cela concerne autant les filtres, les plaquettes de frein que les pneumatiques. Et l’un des exemples les plus concrets reste celui des pneumatiques Iris. Souvent dénigrés sur les réseaux sociaux, ils sont aussi déconseillés par un certain nombre de vulcanisateurs qui leur reprochent de présenter des hernies au moindre choc. Certains youtubeurs vont même jusqu’à affirmer que les pneus exportés vers l’étranger sont de meilleur qualité que ceux proposés sur le marché local. Mais pour le directeur de la communication, la meilleure réponse reste la demande croissante sur les pneus Iris à travers le pays et à l’étranger, où la marque est déjà présente dans 25 pays, dont les Etats-Unis, au point où Saterex Iris a dû freiner ses exportations pour satisfaire la demande locale, en réponse à l’orientation du président de la République. Celui-ci ajoutera que la demande est si grande que Saterex Iris a été contrainte de réaliser une extension pour doubler ses capacités de production qui passeront de 2 millions à 4 millions de pneus dès le 3e trimestre 2025. Pour ce qui est de la différence entre les pneus proposés sur le marché algérien et ceux exportés, Mohamed Boudjenak nous soulignera qu’un tel procédé qui relèverait de l’impensable serait bien plus coûteux pour l’entreprise. Le responsable nous avouera que l’entreprise réfléchit, par contre, à l’éventualité du lancement d’un réseau de points services propres à la marque pour mieux gérer l’image et la distribution des pneus Iris. Ceci d’autant que la distribution de la marque qui repose sur 5 gros distributeurs a déjà eu à pâtir avec une augmentation injustifiée de ses prix publics chez les détaillants qui trouvaient leurs marges pas assez conséquentes. Mohamed Boudjenak ne manquera pas de nous préciser que ce n’est pas un hasard si le groupe Stellantis a choisi Iris Tyres pour chausser les véhicules Fiat produits en Algérie.
Il est vrai que les produits algériens ont du mal à s’imposer sur le marché local, tant les importations ont longtemps favorisé les produits étrangers, mais le temps et une communication significative les mettront tôt ou tard à leur juste place.