11 ONG africaines constituées dans le collectif Restitution Afrique (RAF) ont récemment déposé plainte en France contre l’industriel français Vincent Bolloré pour des soupçons de recel et blanchiment d’argent.
L’affaire est portée devant le parquet national financier (PNF) à Paris.
Le collectif RAF dirigé par Jean-Jacques Lumumba et représentant 11 ONG issues du Togo, Guinée, Ghana, Cameroun et Côte d’Ivoire, réclame la restitution de fonds issus d’activités illicites commises par Bolloré SE, Vincent Bolloré et Cyrille Bolloré et dénonce les conditions dans lesquelles le groupe de l’industriel breton a obtenu des concessions portuaires dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest.
Invité sur les plateaux de TV5 Monde, M. Lumumba s’est exprimé sur cette démarche en affirmant qu’il s’agit d’une plainte inédite car elle regroupe des représentants de plusieurs pays africains : « Elle porte aussi sur le corrupteur, car elle avance l’idée d’aller chercher l’argent chez le corrupteur » a-t-il déclaré.
M. Lumumba est également revenu sur l’objet de la plainte en affirmant : « Le groupe et le clan Bolloré s’est arrangé, pendant de plusieurs années, pour avoir le droit de manipuler des élections afin de pouvoir dérocher la gestion des ports après ce qui a permis au groupe de décrocher beaucoup de bénéfices ».
L’intervenant a également assuré que ces ONG ont mené plusieurs enquêtes sur le terrain : « Après ces enquêtes nous avons réussis à décrocher plusieurs plaintes et donc à pouvoir déposer cette plainte devant la justice française » a-t-expliqué.
Le combat de chaque Africain
Poursuivant son intervention, M. Lumumba a assuré que le groupe Bolloré a reconnu certains faits et éléments liés à la corruption notamment au Togo et en Guinée : « C’est une autre base de notre plainte… Nous avons également soulevé d’autres éléments, à l’image des 5,7 milliards d’euros qui sont arrivés dans des banques françaises en provenance de pays africains » a-t-il souligné, en affirmant que cette affaire constituera un ‘’départ’’ pour d’autres affaires liées à la corruption en Afrique.
« Aujourd’hui nous nous concentrons sur la France et nous avons un collectif d’avocats issus de la France, de Belgique et du Royaume Uni. L’idée s’est de parvenir à restituer ces fonds et aussi a condamné le corrupteur et les méthodes du clan Bolloré » a-t-il ajouté.
Rendre l’argent aux populations africaines
En 2021, le groupe Bolloré avait bénéficié d’une convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) et a depuis payé 12 millions d’euros pour solder plus de dix ans de poursuites pour corruption au Togo.
En juin 2024, le PNF a demandé un procès contre Vincent Bolloré, notamment pour corruption, dans l’enquête sur l’activité de son groupe en Afrique de l’Ouest. Un juge d’instruction doit rendre sa décision quant à un éventuel procès.
Mais cette fois-ci, avec cette plainte, les ONG ont un objectif : instaurer via une décision de justice un mécanisme de « biens mal acquis inversés » qui forcerait le groupe Bolloré à rendre l’argent acquis en Afrique de l’Ouest aux populations africaines. Un mécanisme autorisé par une loi française votée en 2021.