Par M. Mansour
Le Conseil de la Nation a poursuivi, hier, ses débats sur le projet de loi de finances 2025, lors d’une plénière consacrée aux échanges entre les sénateurs et le ministre des Finances, Laâziz Faïd. Cette session fait suite aux discussions amorcées la veille, après la remise de la dernière mouture de ce texte aux membres de la Commission des affaires économiques et financières du Sénat. Les parlementaires ont ainsi abordé plusieurs questions techniques relatives à l’orientation économique du pays, à l’assainissement des finances publiques, ainsi qu’aux mesures sociales prévues dans le cadre du budget 2025, avant que le texte ne soit soumis au vote ce samedi.
Au cours des débats, les parlementaires ont souligné que le PLF 2025 vise à «préserver l’intérêt des citoyens» en protégeant le pouvoir d’achat et en stimulant la relance économique. Les chefs de groupes ont relevé que les mesures proposées s’alignent sur les priorités économiques du président de la République, notamment le soutien à l’investissement et la diversification des sources de revenus du pays.
Dans ce contexte, le président du groupe parlementaire du Tiers Présidentiel, Saâd Arous, a mis en avant la diversification de l’économie, saluant les «progrès» réalisés dans des secteurs comme l’agriculture, y compris l’agriculture saharienne, qui ont contribué à la croissance et à la réduction de l’inflation. De son côté, le président du groupe parlementaire du Front de Libération Nationale, Ahmed Salah Latifi, a souligné l’équilibre recherché par le projet de loi de finances entre les priorités sociales et les impératifs économiques, dans un contexte de tensions économiques mondiales.
Le président du groupe parlementaire du Rassemblement National Démocratique, Afif Senoussa, a pour sa part affirmé que le projet de loi de finances s’inscrit dans les efforts de l’Etat pour diversifier les sources de financement et stimuler l’investissement. Il a également mentionné la modernisation de l’administration fiscale et l’instauration de mécanismes de contrôle fiscal plus performants.
Déficit budgétaire, dette publique et développement local : les réponses du ministre
Dans ce cadre, M. Faïd est ensuite intervenu pour répondre aux préoccupations soulevées par les sénateurs, notamment celle portant sur le financement du déficit budgétaire pour 2025. A ce sujet, le ministre des Finances a précisé que ce déficit serait principalement couvert par les ressources disponibles du Fonds de régulation des recettes (FRR), qui devraient atteindre 500 milliards DA d’ici la fin de l’année 2024, ainsi que par les surplus des recettes fiscales issues des hydrocarbures. M. Faïd a également mis en avant la gestion prudente de la dette publique, dont le niveau reste inférieur à celui des pays émergents. A la fin de l’année 2024, la dette publique de l’Algérie devrait atteindre 16 879 milliards DA, soit 49,61% du PIB, un ratio inférieur à celui de nombreux pays arabes et méditerranéens. Cette situation permet au Trésor public de mobiliser des ressources supplémentaires sans compromettre la stabilité économique. M. Faïd a comparé ce niveau de la dette à celui de pays comme la Grèce, l’Italie ou la France, dont la dette dépasse largement les 100% du PIB.
Concernant les subventions publiques, le ministre a indiqué qu’en 2025, environ 600 milliards DA seraient alloués pour soutenir les produits de consommation de base. Ces subventions visent à atténuer l’impact de la hausse des prix mondiaux sur les ménages algériens. Le gouvernement a également poursuivi ses efforts pour renforcer la politique sociale, en particulier pour soutenir les plus vulnérables face à l’augmentation des prix.
Sur le plan financier, M. Faïd a évoqué l’introduction en Bourse de la banque du Crédit populaire d’Algérie (CPA), qualifiant cette opération de succès. Elle a permis de lever plus de 112 milliards DA, contribuant ainsi à dynamiser le marché financier algérien. Le ministre a également souligné les crédits alloués par le Trésor pour financer divers projets d’investissement public, notamment dans les infrastructures. En 2025, le Trésor allouera 5969 milliards DA à 267 projets répartis sur 11 secteurs économiques. Ces crédits visent à soutenir des projets d’envergure dans des domaines tels que la santé, l’éducation et les infrastructures de transport.
Le ministre a par ailleurs détaillé les dotations financières destinées au développement local, précisant que 1433 milliards DA seront alloués à des projets d’infrastructures dans différentes wilayas du pays. Une part importante de ces crédits sera affectée aux wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, qui bénéficieront de 60% des fonds alloués pour 2025.
Selon de nombreux observateurs, le projet de loi de finances 2025 constitue une étape cruciale dans la poursuite des réformes économiques. En privilégiant la diversification des financements, la modernisation fiscale, le soutien aux secteurs stratégiques et le renforcement de la protection sociale, ce budget s’inscrit dans une démarche de stabilité et de solidarité nationales.