Pluies intermittentes jusqu’à la fin du mois de février : Vers une saison prospère pour les agriculteurs?

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Exploitations agricoles

PAR BRAHIM AZIEZ

L’hiver 2023 s’annonce prometteur en Algérie, à en croire les récentes pluies et les prévisions à venir. Ce mois de février a été marqué par une succession de variations, tant au niveau des températures que du climat. En effet, après un mois de janvier quasi sec, des précipitations salvatrices ont apporté un soulagement à de nombreuses wilayas, et ces précipitations devraient se poursuivre jusqu’à la fin du mois, selon Météo Art (meteoart.com). Mieux encore, ces pluies intermittentes sont suivies d’accalmies, et même de périodes de douceur, parfois exceptionnelle pour la saison hivernale.

Des pluies qui ont grandement ravi les agriculteurs qui y voient les prémices d’une bénédiction pour la présente saison agricole. Malheureusement, ces pluies n’ont pas fait que des heureux. En effet, les fortes pluies orageuses du 17 février 2024 ont entraîné des inondations dans plusieurs communes et quartiers du chef-lieu de la wilaya de Jijel particulièrement, mais aussi à Bordj Bou-Arréridj et d’autres régions de l’est du pays.

Il faut dire que le dernier trimestre 2023 n’a pas été particulièrement prospère en pluies. Et les inquiétudes commençaient à gagner les professionnels de la terre dès le mois de janvier, la hantise d’une nouvelle année de stress hydrique et de sécheresse se faisait craindre, même si les spécialistes rassuraient en soulignant qu’il était trop tôt pour se prononcer. Et ils n’ont pas eu tort, puisque le mois de février aura été plus clément, avec une moyenne nationale de 55 mm par moments.

En fait, le phénomène n’est pas nouveau, puisque ces perturbations météorologiques
avaient été observées durant les trois années (2019, 2020 et 2021), où un retard de la saison des pluies, généralement attendues en décembre et janvier, était enregistré avec des intempéries en février et mars, incluant même des chutes de neige, une baisse de la pression atmosphérique concentrée en Méditerranée et l’infiltration de l’air froid dans les régions nord du pays. En cette fin février, les grosses intempéries n’ont pas eu lieu, hormis quelques épisodes isolés dans certaines régions de l’est du pays. Et si ces pluies ont donné de l’espoir aux agriculteurs et autres organismes en charge de la gestion des barrages et de l’alimentation en eau, la situation n’est pas pour autant complètement rassurante.

La perturbation climatique est installée dans le temps

En janvier dernier, le directeur de climatologie nationale (CCN) avouait que même s’il continue à pleuvoir durant le printemps « ce ne sera pas en quantités suffisantes pour remplir les barrages, aux trois quarts vides, irriguer les terres cultivables et renouveler les nappes phréatiques ». Aggravée par le réchauffement climatique, la sécheresse est devenue une donnée structurelle en Algérie ; notre pays est passé de région semi-aride à aride. Salah Sahabi Abed rappelait récemment à l’APS que les études réalisées par des spécialistes dans le domaine « indiquent qu’au cours des prochaines années et jusqu’en 2030, ou encore en 2050, la pluviométrie saisonnière diminuera de 20%, voire oscillera entre 15 et 30% ». Il ajoutait, en mettant en garde : « L’on constate que les taux de pluviométrie ont diminué en Algérie au cours des trente dernières années. Il y a dix ans, il avait été constaté en Algérie que le mois de janvier était devenu un mois sec, sans que cela ne signifie que le pays est entré dans une phase de sécheresse », soulignant dans le même contexte que « le CCN avait établi des prévisions pour les mois de décembre, janvier et
février, annonçant des précipitations inférieures à la moyenne saisonnière, tandis que les prévisions pour les trois prochains mois démontrent que les taux de pluviométrie seront dans la normale ».

Une situation qui n’est pas propre à l’Algérie, mais touche toute la Méditerranée qui est affectée par des températures élevées et une sécheresse prononcée. Le directeur de l’exploitation météorologique et de la climatologie à l’ONM relevait dernièrement que « l’hiver de cette année pourrait connaître des épisodes de pluie intenses de courte durée avec des quantités de pluies localisées très importantes susceptibles d’engendrer des inondations ». Celui-ci soulignait que « les études menées montrent que les scénarios futurs du climat mettent en évidence, tantôt des pluies intenses de courte durée et parfois des
périodes de sécheresse prolongée ».

Les barrages se remplissent progressivement

La semaine dernière, le chef du cabinet au ministère de l’hydraulique soulignait que le taux national de remplissage des barrages avait atteint 35,90%. Dans une déclaration accordée à la Chaîne 3, Mustapha Seddiki avait indiqué également que les valeurs, par région, sont de l’ordre de 60,87% à l’est, 18,50% au centre et 17,50% à l’ouest. Un niveau qui contraste avec celui annoncé quelques jours plus tôt par l’APS qui reprenait le ministère des ressources en eau et de la sécurité hydrique, annonçant un taux national de remplissage des barrages à 37,66%.

L’agence de presse rappelait que le taux de remplissage à travers le territoire national avait atteint 36,24% au 12 décembre 2023 (23,12% à l’ouest, 23,61% à Chellif, 16,06% au centre). En tout état de cause, ce niveau est appelé à augmenter dans le jours à venir avec les pluies qui continueront à se déverser à travers le pays durant cette dernière semaine de février, et la fonte des neiges qui ont enveloppé de nombreux sommets du centre et de l’est du pays.

B. A.