Fin connaisseur des relations algéro-françaises, l’historien Benjamin Stora est revenu dans une interview accordée au magazine Historia sur les tensions actuelles entre Alger et Paris.
Pour Benjamin Stora, l’épisode de tension actuel est inédit dans son intensité. « Le point de paralysie qui existe entre les deux pays actuellement est le plus important depuis l’indépendance de l’Algérie, en 1962. C’est une situation inédite. », a-t-il expliqué.
L’historien a rappelé plusieurs épisodes de tension ayant marqué les relations algéro-françaises depuis l’indépendance de l’Algérie comme la nationalisation des hydrocarbures en 1971 ou l’arrêt du processus électoral en 1991.
Néanmoins, « cette fois-ci, la tension me semble plus profonde qu’elle n’a jamais été », selon l’historien.
» Il n’y a plus d’ambassadeur d’Algérie à Paris depuis plusieurs mois, ce qui ne s’est jamais vu, et les canaux classiques de coopération sur les plans sécuritaire, migratoire ou culturel se sont fermés », a-t-il rappelé.
Benjamin Stora tient toutefois à préciser que la tension actuelle a son point de départ et n’est sans raison. La reconnaissance du Sahara Occidental comme faisant partie du Maroc par Macron en juillet 2024 a été fait basculer les relations entre Alger et Paris vers la situation actuelle.
« Dans la crise que nous connaissons, le point de bascule a été, pendant l’été 2024, la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara occidental. À partir de là, les autres points de désaccord que vous évoquez se sont intensifiés ou sont venus s’ajouter. Par exemple, on peut remarquer qu’avant ce changement de climat, les Algériens acceptaient sur leur sol le retour des OQTF davantage que les autres pays », ajoute l’historien.