Pour que nul n’oublie, une exposition en hommage à Ahmed et Rabah Asselah

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Le 5 mars 1994, l’école supérieure des beaux-arts d’Alger a été le théâtre d’un double
assassinat qui a endeuillé le monde de l’art algérien. Ahmed et Rabah Asselah, père et fils, ont été arrachés à la vie, laissant derrière eux une immense tristesse et un sentiment d’injustice.

PAR DELLOULA MORSLI

Trente années se sont écoulées depuis ce jour tragique, mais la mémoire d’Ahmed et Rabah Asselah reste vivace. Les anciens étudiants de l’école supérieure des beaux-arts d’Alger, qui porte d’ailleurs leurs noms, tiennent à leur rendre hommage à travers une exposition qui se déroulera au sein de l’établissement mardi 5 mars à partir de 9h. Ahmed Asselah est né à Ighil Imoula, près de Tizi Ouzou, en 1940. Il rejoint les rangs de la révolution, après sa participation à la grève des étudiants algériens en 1956. Il a occupé plusieurs postes au sein de différents ministères après l’indépendance. Il devient directeur de l’école supérieure des beaux-arts en 1985. Homme de culture, connu pour son engagement, Ahmed a été lâchement assassiné dans la cour de son propre établissement. Son fils, Rabah Salim Asselah, étudiant en design graphique et témoin du crime, a également été abattu alors
qu’il tentait de porter secours à son père.

Cette année-là fut terrible et la liste des artistes et intellectuels assassinés n’a cessé de s’allonger. Le 10 mars 1994, cinq jours après le meurtre du père et du fils Asselah, Abdelkader Alloula, figure incontournable du théâtre algérien, est assassiné à Oran. Le 12 mars, c’est le journaliste Hassan Benaouda qui est la cible des terroristes. Le 31 mai, le recteur de l’université de Bab Ezzouar est abattu. Le 29 septembre, cheb Hasni, voix emblématique du raï, s’ajoute à la liste des martyrs.

L’exposition commémorative des anciens élèves de l’école supérieure des beaux-arts d’Alger sera également l’occasion de rendre hommage à Anissa Asselah, à qui la vie n’a pas fait de cadeau, lui assénant coup sur coup la perte de son mari et de son fils unique. Jusqu’à son dernier souffle, elle n’a eu de cesse de multiplier les actions pour mettre en lumière l’importance de l’art et de la culture dans l’éveil des consciences.

D. M.