Pouvoir d’achat : Le plan d’action en 3 axes du Président

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PAR AKLI R.

AMORCER de nouvelles augmentations salariales graduelles à hauteur de 53% d’ici à 2027, agir sur le taux de change de la monnaie nationale pour renforcer sa valeur par rapport aux devises fortes et stimuler la décélération de l’inflation pour la contenir à des niveaux ne dépassant pas les 4%. Tels sont les trois fronts sur lesquels le président Tebboune prévoit d’agir pour poursuivre la bataille engagée durant ces trois dernières années en vue d’un vaste rattrapage du pouvoir d’achat des ménages.

Déroulée avant-hier lors d’une entrevue avec des représentants de médias nationaux, cette nouvelle stratégie vient ainsi consolider l’action sociale de l’Etat à travers une démarche coordonnée qui vise à la fois à accroître les revenus salariaux et à réduire le coût de la vie en veillant à maîtriser l’évolution des prix à la consommation pour éviter aux ménages de perdre par la main gauche – en raison de l’inflation – ce qu’ils gagnent de la main droite avec l’amélioration progressive des salaires.

Salaires : «100% d’augmentation d’ici à 2027»

47 %…C’est la somme des augmentations déjà très considérables que les pouvoirs publics ont consentis sur le budget de l’Etat pour améliorer les traitements salariaux des fonctionnaires. Pas question pour autant, pour le président de la République, de s’arrêter là. « Nous arriverons vers 2026 à 2027 à compléter ce qui reste pour doubler les salaires », a-t-il ainsi annoncé. « Nous avons atteint actuellement un total d’augmentations de 47%, auxquelles nous comptons rajouter les 53% restants pour parvenir à un niveau de rehaussement des traitements salariaux de 100% » dans les deux à trois prochaines années, a-t-il précisé, en soulignant qu’il s’agit là « d’indices de développement » qui seront adossés en même temps à ceux liés à la réduction de la facture d’importation. La hausse des salaires, at-il expliqué, suppose aussi une hausse des recettes financières publiques et celles-ci pourront venir de l’investissement, de la production et de la réduction des dépenses à l’importation.

Taux de change : «Soutenir la valeur du dinar»

Une diminution de la valeur des achats du pays à l’étranger qui passe ainsi par la
stimulation de l’investissement pour développer des productions locales substitutives à l’importation, mais aussi par des mesures plus immédiates de réajustement du taux de change de la monnaie nationale à la hausse. « Il est nécessaire de soutenir et de réévaluer la valeur du dinar », a signifié en ce sens le chef de l’Etat, en rappelant que celle-ci a connu une forte érosion durant la décennie précédente dans des circonstances qu’il a qualifiées d' »illogiques ». Des circonstances passées, où fut actionnée la politique de « la planche à billets pour des tirages et des injections inconsidérées de fonds et dont nous subissons les conséquences encore aujourd’hui », a-t-il déploré.

Aussi, a-t-il fait valoir, « si la valeur de la monnaie nationale se fixe à près de 140 DA pour un dollar, nous comptons désormais œuvrer progressivement à la réévaluer jusqu’à la porter à un niveau de 100 DA pour un dollar à travers des mesures économiques, telle que la rationalisation des dépenses, ainsi que d’autres mécanismes d’ajustement relevant de la Banque centrale », a-t-il indiqué. Un message qui se veut ainsi rassurant quant au renforcement de la parité de la monnaie nationale par rapport aux devises fortes, de sorte à limiter notamment l’impact de la hausse des prix à l’importation sur ceux domestiques et sur le pouvoir d’achat des entreprises et des ménages, selon le propos du Président.

Inflation : «Un seuil de 4% à ne pas dépasser»

En favorisant une politique volontariste d’ajustement à la hausse du taux de change du dinar, il s’agira ainsi d’agir sur l’un des facteurs inflationnistes les plus marquants de ces dernières années, en l’occurrence celui lié à l’inflation importée, c’est-à-dire à la hausse des coûts des différents achats du pays à partir de l’étranger, y compris et surtout les équipements et intrants nécessaires aux activités de production locale.

Pour le chef de l’Etat, la désinflation sera ainsi l’autre bataille cruciale à mener pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens en luttant constamment et sur tous les fronts contre les hausses de prix à la consommation. En relative décélération ces quelques derniers mois après avoir caracolé à des niveaux record de plus de 9% durant les deux années précédentes, l’inflation devra continuer à être jugulée progressivement pour parvenir à terme à la contenir à « des niveaux qui ne devront pas dépasser les 4% au maximum », a signifié le président Tebboune. Un défi décisif pour éviter à l’avenir l’émergence de nouveaux pics inflationnistes qui viendraient éroder à nouveau les rattrapages salariaux opérés au cours de ces deux dernières années.

A. R.