PAR M. MANSOUR
Le rassemblement national (RN) a remporté une large victoire au premier tour des élections législatives du 30 juin en France, selon les premières estimations des instituts de sondage, marquant une avancée significative pour l’extrême droite en France. Le RN, héritier du front national de Jean Marie Le Pen, a recueilli entre 34,2% et 34,5% des voix, surpassant le Nouveau Front populaire de gauche (NFP), qui a obtenu entre 28,5% et 29,1%, ainsi que le camp d’Emmanuel Macron, crédité de 20,5% à 21,5% des suffrages, dans une élection marquée par une forte participation. Les premières projections pour la future assemblée nationale française suggèrent que le RN pourrait obtenir une majorité relative, voire absolue, après le deuxième tour.
Ainsi, ce scrutin, qui a vu une participation record des Français (67,5%), fait suite à la dissolution inattendue de l’assemblée nationale par le président français Emmanuel Macron, après les élections européennes. Les résultats du second tour prévu pour le 7 juillet et les éventuelles alliances qui se noueront détermineront l’ampleur des changements dans le paysage politique français.
Réagissant à l’annonce de ces résultats, le président français a appelé à un « large rassemblement démocrate et républicain » pour contrer le RN au second tour. La gauche, incluant écologistes, socialistes et communistes, a indiqué qu’elle pourrait se retirer pour faire barrage à l’extrême droite si nécessaire. Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de La France Insoumise (LFI), a également appelé à ne pas voter pour le RN. Avec ce résultat qualifié d' »historique » par la presse française, le RN espère obtenir une majorité le 7 juillet. Si Jordan Bardella devenait premier ministre, ce serait une première en France. Cela pourrait bouleverser les fondements traditionnels de la politique française. Et contraindre le pro-européen Emmanuel Macron à une cohabitation avec l’extrême droite.
L’autre scénario plausible est celui d’une assemblée bloquée, sans alliances possibles
entre des camps très polarisés où les antagonismes priment, ce qui pourrait plonger
la France dans l’incertitude politique. Dans ce contexte, l’avancée du RN inquiète les communautés d’origine africaine établies en France. Dans ce cadre, plusieurs observateurs soulignent que cette montée pourrait renforcer les tensions et les politiques discriminatoires. En parallèle, l’union européenne redoute une victoire de l’extrême droite en France, car celle-ci pourrait encourager les mouvements populistes et eurosceptiques dans d’autres pays membres, menaçant la cohésion et la stabilité de l’union, et créant des frictions économiques et diplomatiques au sein du bloc, ce qui pourrait être fatal à cet ensemble hétéroclite qui ne s’est toujours pas remis du Brexit. De plus, le RN envisage de donner la préséance au droit interne français sur le droit international en matière d’immigration, une proposition qui pourrait être source de controverses juridiques et diplomatiques. Une telle approche pourrait isoler davantage la France sur la
scène internationale et compliquer ses relations avec ses partenaires, tant en Europe
qu’ailleurs. La situation reste donc très incertaine à l’approche du second tour des élections législatives en France. Le résultat final déterminera non seulement la composition de la future assemblée nationale, mais aussi l’orientation politique du pays pour les années à venir.
M. M.