Première mondiale du film sur Frantz Fanon à la Berlinale

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Le film « Chroniques fidèles survenues au siècle dernier à l’hôpital psychiatrique Blida-Joinville, au temps où le docteur Frantz Fanon était chef de la cinquième division entre 1953 et 1956 », du réalisateur Abdenour Zahzah, a été projeté lundi au festival international du film de Berlin, qui se tient actuellement.

PAR DELLOULA MORSLI

Ce film, qui retrace les trois années d’expérience de Frantz Fanon à l’hôpital psychiatrique de Blida, représente l’aboutissement d’un long travail pour Abdenour Zahzah. Dès le début de sa carrière, il s’est intéressé à la vie de ce psychiatre et militant anticolonialiste. Son premier film documentaire, « Frantz Fanon : mémoire d’asile », coréalisé avec le défunt psychiatre Bachir Ridouh en 2002, témoigne de son engagement à explorer l’œuvre et l’impact de Fanon. En 1953, Dr Frantz Fanon, originaire de Martinique, prend ses fonctions de médecin-chef à la clinique psychiatrique de Blida. La psychiatrie coloniale raciste domine la vie quotidienne dans cet établissement.

Les Français sont hébergés séparément des musulmans, et les conditions dans l’unité musulmane sont choquantes, les patients sont immobilisés et tranquillisés contre leur gré. Fanon introduit une nouvelle approche, qui inclut des discussions de groupe et des responsabilités accrues pour le personnel soignant. Il initie la création d’un journal, un café, le chantier d’un terrain de football et participe à la restauration de la mosquée. C’est ainsi que Fanon épouse la résistance algérienne. Ce long métrage de Abdenour Zahzah a été réalisé à Blida et les séquences sont soutenues par la performance engagée d’Alexandre Desane dans le rôle titre et par les protagonistes impliqués, dont Olivier, le fils de Fanon, qui incarne un ami de son père.

Le projet s’appuie sur des conversations avec ceux qui ont côtoyé Fanon à l’époque et sur les recherches approfondies menées par le réalisateur. La projection du film a eu lieu à la salle Delphi Filmpalast à guichets fermés. La séance prévue pour le 23 février au cinéma Arsenal 1 affiche également complet. C’est dire l’engouement du public pour cette œuvre qui s’attaque à un sujet aussi complexe que la colonisation française et ses effets sur la santé mentale des Algériens, à travers le travail de Fanon entre 1953 et 1956.

D. M.