Présidentielle 2024. Une alliance de 7 partis, sous l’égide de l’ANR, prête à soutenir un candidat consensuel Belkacem Sahli : «Avec l’actuel président, moi, ou un autre candidat…vous le saurez ce vendredi»

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Entretien réalisé par M. Mansour

Alors qu’on l’annonçait candidat à la magistrature suprême, Belkacem Sahli, secrétaire général de l’alliance nationale républicaine (ANR), réfute, en affirmant que sa formation politique active depuis six mois au sein d’une coalition regroupant plusieurs formations politiques coordonnant son action en vue des prochaines élections présidentielles. Le choix du candidat se fera donc de manière consensuelle, souligne-t-il, ajoutant que l’annonce officielle est prévue pour vendredi. Détaillant la vision politique de cette coalition, M. Sahli revient dans cet entretien sur la stratégie mise en place, en mettant en lumière ses objectifs, ses aspirations et son diagnostic de la situation politique actuelle.

Monsieur Sahli, en tant que secrétaire général de l’alliance nationale républicaine (ANR), vous avez annoncé votre candidature à la magistrature suprême. Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans cette course présidentielle et quel en est l’enjeu pour vous ?

Il est important de clarifier que je n’ai pas encore annoncé ma candidature à la magistrature suprême. Cette décision sera prise de manière collective au sein de la coalition pour la stabilité et la réforme, avec laquelle je travaille depuis six mois. L’annonce du candidat consensuel est prévue pour vendredi 19 avril. Ce qui est cependant acté, c’est que cette coalition, regroupant plusieurs partis (ANR, PRD, FMN, FDL, MEN, MNTA, URN), a réussi à élaborer une plateforme politique qui sera officiellement signée le même jour. Cette plateforme met en avant la nécessité de la réhabilitation du politique, le déverrouillage du champ médiatique et le dialogue. Le but étant d’établir une stabilité propice à une entreprise de réforme.

 Vous évoluez donc dans une alliance regroupant sept partis politiques, avec la perspective que d’autres formations pourraient rejoindre ce regroupement. Pouvez-vous nous en dire plus sur les principes et objectifs de cette alliance ?

Sur ce point, il est important de souligner que l’objectif principal de cette alliance est de rétablir un équilibre de pouvoir entre les partis politiques et les autorités en place. Ce faisant, elle vise à restaurer l’action politique en tant que pratique citoyenne et institutionnelle, tout en préservant le sécuritaire des conséquences des déroutes politiques. En d’autres termes, cette plateforme politique aspire à redonner à la politique sa noblesse intrinsèque, en se concentrant sur les préoccupations des citoyens et en réaffirmant le rôle des partis politiques en tant qu’intermédiaires entre le pouvoir politique et le peuple.

Vous avez souligné l’importance de mettre en avant le projet de société et la vision présidentielle plutôt que la compétition individuelle. Quels sont les principaux axes de votre projet politique et de société pour le mandat présidentiel 2024-2029 ?

Notre programme électoral repose sur cinq ou six axes majeurs. Tout d’abord, nous nous concentrons sur l’engagement des nouvelles générations dans les processus décisionnels et la gestion des affaires publiques. Ensuite, nous visons à instaurer un nouveau modèle de gouvernance fondé sur la légitimité démocratique, la souveraineté populaire, la compétence, l’intégrité et l’engagement. Le troisième axe de notre programme se focalise sur la transition économique et sociale, visant à passer d’une économie rentière à une économie diversifiée et génératrice de richesses à long terme. Je dois dire que nous pouvons formuler des propositions ambitieuses dans ce domaine, mais leur mise en œuvre nécessite un large soutien politique afin de réaliser des réformes structurelles, plutôt que des mesures conjoncturelles.

 Vous proposez une approche de consensus en suggérant un candidat pour chaque grand courant politique. Comment envisagez-vous d’y parvenir ?

Effectivement, notre travail en ce sens a débuté il y a déjà six mois. Nous avons engagé des discussions avec 20 partis politiques, parmi lesquels figuraient des formations proches du pouvoir ainsi que des partis de l’opposition parlementaire, y compris les islamistes, et des partis membres de l’ancienne coalition du pacte pour l’alternative démocratique (PAD). Ces échanges ont mis en évidence un consensus général sur le constat du verrouillage de la scène politique et médiatique. Cependant, il est intéressant de noter que malgré ces défis, les partis avec lesquels nous avons dialogué se montrent enclins à travailler ensemble pour un mandat 2024-2029 consensuel, que ce soit avec le président actuel ou un autre candidat.

Vous vous dites prêt à renoncer à votre candidature si un autre profil se révélait plus rassembleur. Quels critères définissent, selon vous, un candidat « plus rassembleur » ?

En attendant qu’un candidat consensuel émerge – ce qui n’est pas encore assuré – nous avons opté pour une approche alternative. Cette dernière vise à identifier des candidats potentiels représentant les principaux courants politiques en Algérie. En effet, il ne serait pas pertinent d’avoir une multitude de candidats, chacun portant un projet de société différent. Notre objectif est donc de réduire cette dispersion en proposant des candidats qui reflètent les diverses tendances politiques du pays. Si nous réussissons dans cette entreprise, cela offrira aux Algériens la possibilité d’exercer leur souveraineté de manière concrète en choisissant parmi des programmes politiques clairement définis.

Vous avez également évoqué la possibilité d’un retrait de la course si les préalables de l’alliance ne sont pas satisfaits, notamment l’ouverture des champs politique et médiatique ainsi que des mesures d’apaisement telles que la libération des détenus du Hirak. Quelles actions concrètes attendez-vous des autorités pour répondre à ces préalables ?

Depuis le mois de janvier, nous insistons sur le fait que l’organisation de la prochaine élection présidentielle ne se résume pas uniquement à des aspects logistiques et techniques. En effet, il s’agit avant tout de créer un climat politique propice. C’est pourquoi nous avons renouvelé notre appel aux autorités publiques afin qu’elles mettent en place les conditions nécessaires, notamment en ouvrant le champ politique et médiatique, ainsi qu’en prenant des mesures d’accompagnement telles que la libération des détenus liés au Hirak que l’ANR refuse de qualifier de « détenus d’opinion » ou de « détenus politiques ».

N.M.