Projet du phosphate intégré de Tébessa : Un partenaire allemand pour la construction de 3 usines

0
6360
Arkab inaugure la mine de phosphate de Tébessa

PAR NABIL M.

Une nouvelle impulsion vient d’être donnée au mégaprojet du phosphate intégré (PPI) de Tébessa, l’un des plus ambitieux chantiers industriels du pays.

Lors de la cérémonie célébrant le 59ᵉ anniversaire de la nationalisation des mines et le 58ᵉ anniversaire de la création de la Société nationale de recherche et d’exploitation minière Sonarem, le PDG du groupe minier, Belkacem Soltani, a révélé le soutien d’un partenaire allemand dans la phase cruciale d’étude de faisabilité.

Intervenant en marge de l’événement organisé au siège du ministère de l’Énergie et des Mines en présence du ministre d’Etat, ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, et de membres du gouvernement, M. Soltani a indiqué que « le projet est actuellement en phase d’étude « Feed compétitive » en mode EPC (Engineering, Procurement, Construction), avec l’appui d’un partenaire allemand », dont il n’a pas dévoilé le nom.

Il a ajouté que cette étude « sera finalisée fin 2026, ouvrant la voie à la réalisation de trois grandes usines de production d’engrais phosphatés et azotés à Tébessa et Souk Ahras ». Ces unités de production, une fois opérationnelles, permettront à l’Algérie de se positionner parmi les principaux exportateurs mondiaux d’engrais agricoles.

Le PDG de Sonarem a également évoqué le projet de développement de la mine de Bled El Hadba, dont les réserves sont estimées à 1,2 milliard de tonnes, permettant une exploitation sur 80 ans. « Un investissement de 1,5 milliard de dollars sera consacré à la construction d’une usine de traitement visant à réduire la teneur en monoxyde de magnésium (MgO) du phosphate extrait », a expliqué le même responsable.

Il a ajouté que ce projet « sera lancé à partir de 2026 pour approvisionner l’usine d’engrais de Ouad Keberit, dans la wilaya de Souk Ahras », soulignant que Sonarem et Sonatrach « respectent scrupuleusement le business plan établi pour une entrée en production dans les délais impartis ».

 

Une expertise 100% algérienne, avec un soutien international

Ce projet, faut-il le rappeler, est désormais placé sous le pilotage des deux groupes publics suite à l’échec du partenariat algéro-chinois. Les groupes chinois, qui devaient participer à la réalisation de ce projet intégré dont l’investissement a été évalué à six milliards de dollars, ont été écartés pour des raisons qui seraient liées à leur capacité financière et technique insuffisante.

Ce gigantesque projet devait être exploité par la société algéro-chinoise d’engrais ACFC (Algerian Chinese Fertilizers Company), créée en 2022 par les sociétés algériennes Asmidal et Manal et les groupes chinois Wuhuan et Tian’an pour un investissement de 7 milliards de dollars. ACFC était détenue à 44% par les Chinois contre 66% pour la partie algérienne.

Toutefois, il s’est avéré que les partenaires chinois ne possédaient pas les capacités financières nécessaires pour ce genre de projet, ce qui a amené les autorités algériennes à le confier à Sonarem pour l’exploitation de la mine et Sonatrach pour la production des fertilisants.

Lors de la cérémonie du lancement du projet, en novembre dernier, Arkab a déclaré que l’exploitation de ce gisement de phosphate se fera par une « main- d’œuvre algérienne à 100 % et par des compétences exclusivement nationales avec en tête les deux groupes Sonatrach et Sonarem assistés par des cadres de l’université algérienne ».

 

Un projet aux retombées économiques majeures

Ce mégaprojet, dont l’investissement global est estimé à 6 milliards de dollars, ambitionne une production annuelle de 10 millions de tonnes de phosphate brut et 6 millions de tonnes d’engrais, principalement destinés à l’exportation. Il s’agit d’une pierre angulaire de la stratégie algérienne de diversification économique, réduisant la dépendance aux hydrocarbures tout en créant des milliers d’emplois.

Toutefois, l’appui du partenaire allemand dans la phase d’étude démontre une ouverture aux compétences internationales pour garantir les meilleurs standards technologiques.

Avec une production prévisionnelle débutant en 2027, ce projet positionnera l’Algérie parmi les leaders mondiaux du phosphate, renforçant sa souveraineté économique et son rôle dans la sécurité alimentaire mondiale.