Par Abdellah. B
Lors d’une réunion tenue jeudi à Alger, le groupe public Sonatrach et l’espagnol Cepsa ont discuté de leur projet intégré de production d’hydrogène vert en Algérie. Le projet en question, qui est actuellement en phase d’étude, revêt un caractère stratégique aussi bien pour le groupe espagnol que pour l’Algérie. Il s’agit à la fois de développer une industrie nationale de production de la molécule verte, mais aussi du lancement des préparatifs pour son exportation vers le marché de l’Europe de l’Ouest.
Dans un communiqué sanctionnant cette rencontre ayant regroupé le PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi et son homologue de Cepsa, Maarten Wetselaar, «l’accent a été mis sur le renforcement de la coopération dans le développement des énergies vertes et durables», lit-on dans le document de la compagnie énergétique publique qui donne quelques détails sur cet investissement qui «comprend la création d’une usine de production d’hydrogène par électrolyse et de centrales d’énergie solaire et éolienne pour alimenter les électrolyseurs en énergie renouvelable».
En effet, le projet en question est destiné à l’exportation de cette molécule sur le marché européen via l’Espagne. C’est d’ailleurs lors de la signature de cet accord au mois d’octobre dernier à Oran qu’est née l’idée du projet de réalisation d’un canal de transport maritime de cette ressource énergétique produite à Arzew. Une idée qui s’est confirmée après avec les déclarations du ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, qui a déjà évoqué ce dossier en parlant d’une éventuelle adaptation du gazoduc Medgaz reliant l’Algérie à l’Espagne pour le transport de l’hydrogène vert ou la réalisation d’un nouveau pipeline.
L’accord entre Sonatrach et Cepsa trace donc une nouvelle voie pour la pénétration du marché de l’Europe de l’Ouest pour l’hydrogène algérien du moment que la société espagnole figure aujourd’hui comme l’un des acteurs les plus importants sur le marché énergétique européen et qui s’est tourné ces derniers temps vers l’industrie de l’hydrogène. Dans ce sens, la compagnie pétrolière et gazière espagnole Cepsa et le port de Rotterdam ont signé un accord à la fin de l’année dernière en vue de lancer en 2027 le «premier corridor vert d’hydrogène» qui reliera le port espagnol d’Algésiras et les ports néerlandais. L’idée est d’acheminer l’hydrogène produit par Cepsa, sous forme d’ammoniac ou de méthanol, jusqu’à Rotterdam. Des pipelines d’hydrogène raccorderont de larges zones industrielles aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne. La principale entreprise énergétique d’Algésiras qui, comme la plupart de ses homologues européennes, se tourne vers les énergies plus vertes, indique que les infrastructures et installations nécessaires à l’importation d’hydrogène et à sa distribution dans le nord-ouest de l’Europe sont en cours de développement dans la région néerlandaise «par où transitent 13% de l’énergie consommée sur tout le continent».
Enfin, dans la course au positionnement dans la bataille de l’hydrogène vert sur le marché européen de l’énergie, l’Algérie demeure le point cardinal des grands acteurs énergétiques européens. Après l’Allemagne, l’Italie et l’Autriche qui représentent l’axe central de l’Europe à travers le corridor South2, c’est au tour de la partie espagnole de tourner ses regards vers l’Algérie pour s’approvisionner en hydrogène vert.