Le Maroc a tellement reçu de coups, dont le dernier a consisté à l’échec de ses manœuvres pour torpiller le sommet de la Ligue arabe, qu’il essaie de se trouver des victoires là où il n’y en a point. Dernière trouvaille de son ministre des Affaires étrangères : jouer sur l’amalgame pour faire avancer de fausses informations pour s’en prendre à son ennemi juré le Polisario, qu’il désigné sous le vocable de «séparatiste». Comme expliqué par l’envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, Amar Belani, les Sahraouis ne sont «séparatistes» qu’aux yeux du Maroc, et ne sauraient répondre à cette définition telle que le conçoit l’ONU dont l’envoyé spécial a été reçu par le leader du Polisario et non moins président de la RASD, Brahim Ghali, en tant qu’unique représentant du peuple sahraoui.
En faisant référence de la résolution du comité sur les «ingérences iraniennes dans les affaires intérieures des Etats arabes» tenu mardi en marge de la 158e session du Conseil de la Ligue des États arabes, qui a pourtant dédié ses travaux notamment à la situation en Palestine occupée, le Maroc qui a sciemment épargné son nouvel allié a en revanche tenté de dénaturer les résolutions de ce comité.
Ce que l’envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, Amar Belani, a épinglé hier en affirmant que «les élucubrations» colportées par les médias marocains au sujet de la réunion du Conseil de la Ligue des Etats arabes sont «absolument sans fondement».
Dans une mise au point qu’il a faite, M. Belani a indiqué : «Fidèle à sa vocation et à sa pratique de fabriquant de triomphes diplomatiques imaginaires, la MAP (et ses satellites médiatiques) vient de fabuler sur de soi-disant avancées et points enregistrés contre l’Algérie, lors de la réunion du conseil de la Ligue arabe qui vient d’achever ses travaux au Caire».
Toutefois, à bien lire les documents officiels adoptés par cette session, « on se rend compte rapidement que les élucubrations du porte-voix médiatique officiel du Makhzen sont absolument sans fondement », affirme Belani dans une déclaration sur l’APS.
L’Algérie appelle toujours au respect de la légalité internationale
En effet, dans la résolution sur le suivi des «ingérences iraniennes dans les affaires intérieures des Etats arabes», il n’est nullement fait mention du Front Polisario, et la délégation algérienne a fait consigner dans le document officiel que «face aux dangers des organisations terroristes et séparatistes et de leur classification, l’Algérie appelle toujours au respect de la légalité internationale et des résolutions des Nations unies dans le respect de la souveraineté et de l’indépendance des Etats».
Elle appelle également à la coordination des efforts internationaux pour lutter contre ce phénomène, dans le cadre de la stratégie des Nations unies et du respect des règles de la légalité internationale et du droit des peuples à l’autodétermination, conformément à la liste des 17 derniers territoires non autonomes fixée par les Nations unies en relation avec leur décolonisation.
Sur cette base, explique le diplomate, «le contenu du préambule de la résolution, qui fait référence à la réunion d’un comité de suivi, ne reflète pas ces principes fondamentaux des Nations unies, et la délégation algérienne tient à souligner que ce qui est qualifié d’éléments terroristes séparatistes concerne seulement ceux qui sont classés en tant que tels par les Nations unies et que les frontières visées sont celles qui sont internationalement reconnues».
Par ailleurs, le Conseil des ministres a retoqué le projet initié par le Maroc en vue de l’élaboration d’un rapport additionnel portant sur les dimensions juridique et humaine en complément au «Plan global pour réduire le recrutement d’enfants dans les conflits armés et terroristes» et il a confié au secrétariat général de la Ligue arabe la tâche de conduire l’opération en concertation avec l’ensemble des Etats membres.
En conclusion, M. Belani juge qu’« il est malheureux de dresser le constat amer de l’instrumentalisation de la Ligue des Etats arabes, par un petit groupe au service d’intérêts étroits, dans des joutes stériles qui éloignent la Ligue de sa vocation essentielle et limite ses contributions tant à la promotion de la cause légitime du peuple palestinien qu’à la résilience nécessaire pour relever les défis du monde contemporain ».
« Un sursaut salutaire est indispensable. Ce sera à Alger ou nulle part ailleurs», conclut Amar Belani.
Dj. B.