PAR NABIL M.
Le secteur de l’assurance en Algérie affiche des signes prometteurs de développement, soutenu par une dynamique démographique favorable et un potentiel de croissance encore largement inexploité.
Selon un récent rapport de AM Best, une agence américaine internationale de notation spécialisée dans l’assurance, le marché algérien se distingue dans la région MENA par ses perspectives d’expansion, d’investissements étrangers et de rentabilité.
Avec un taux de pénétration de l’assurance inférieur à 1% du PIB, loin de la moyenne mondiale (6,8%), l’Algérie présente, selon le même rapport, une marge de progression considérable. Bien que le secteur ait subi un ralentissement durant la pandémie de Covid-19, les volumes de primes sont en phase de redressement, et les experts anticipent une accélération de la croissance dans les années à venir.
Pour le cabinet américain, les moteurs de cette croissance projetée comprennent une population jeune et dynamique, ainsi qu’une industrie de l’assurance diversifiée avec une forte présence d’acteurs variés. Cette diversité, comme l’ont observé plusieurs analystes, pourrait positionner l’Algérie comme l’un des leaders du marché au sein de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA).
Malgré ces atouts, des obstacles persistent, selon le rapport d’AM Best, qui relève notamment l’absence d’un cadre de solvabilité basé sur les risques, limitant la capacité des assureurs à gérer efficacement leur exposition. Aussi, une perception culturelle défavorable de l’assurance, est souvent vue comme une imposition supplémentaire plutôt que comme une protection. Cependant, les réformes en cours pourraient changer la donne.
Une expansion continue
L’optimisme est renforcé par les prévisions de la revue «Middle East Insurance Review», qui anticipe une expansion continue du marché. En effet, au 30 septembre 2024, le chiffre d’affaires du marché algérien des assurances, toutes activités confondues, atteint 131,7 milliards DA (987,4 millions de dollars), en hausse de 4,9% par rapport à la même période de 2023.
Les primes non-vie ont enregistré une progression de 2,2% à 108,4 milliards DA (812,7 millions de dollars), soit 84,5% du portefeuille global au cours des trois premiers trimestres de l’année 2024. L’activité takaful, en plein développement, enregistre 390,1 millions DA (2,9 millions de dollars) de contributions, soit une forte augmentation de 319,8% sur un an. Les acceptations internationales de réassurance ont aussi progressé de 51,4% à 8,7 milliards DA (65,2 millions de dollars), pour la même période de comparaison.
Réformes structurelles et défis à relever
Le projet de loi actuellement en cours de finalisation pour réguler le secteur des assurances représente une étape décisive. Ce cadre juridique actualisé vise à renforcer la gouvernance et à introduire une autorité de régulation indépendante, facilitant ainsi un environnement concurrentiel sain et propice à l’innovation.
Un autre aspect important de cette évolution est l’investissement croissant des compagnies d’assurance-vie dans le numérique, visant à élargir leur portée et à attirer de nouveaux segments de clients jusqu’ici sous-exploités. De plus, l’émergence des assurances takaful offre une alternative attractive aux assurances conventionnelles, renforçant ainsi la couverture globale du marché.
En parallèle, la dynamique observée sur le marché de l’assurance directe stimule également une demande accrue pour la réassurance. Cette évolution témoigne de la nécessité croissante pour les assureurs de gérer efficacement leurs risques, alimentant ainsi une transformation significative du paysage de la réassurance en Algérie.
Ainsi, il est constaté que l’industrie de l’assurance en Algérie se prépare à capitaliser sur ses forces intrinsèques et les opportunités externes pour consolider sa position régionale. Avec un environnement réglementaire en évolution et une focalisation accrue sur l’innovation technologique, le marché algérien de l’assurance s’affirme comme un acteur clé dans la transformation économique du pays.