PAR NABIL M.
Face à l’engorgement croissant des ports maritimes et à la nécessité de moderniser la chaîne logistique, l’Algérie a engagé une réforme d’envergure visant à optimiser la compétitivité de ses infrastructures portuaires.
Ainsi, une stratégie nationale a été mise en place pour réorganiser les ports et améliorer la fluidité des échanges commerciaux, avec au cœur de cette réforme la réactivation et l’optimisation des ports secs, à présent sous l’autorité des services des douanes nationales, et les mettre à la disposition des infrastructures portuaires. Plusieurs de ces zones, jusque-là inexploitées, seront désormais intégrées au circuit logistique portuaire national.
Cette décision majeure, annoncée par le ministre des Transports, Saïd Sayoud, lors d’une récente plénière à l’Assemblée populaire nationale (APN), s’inscrit dans le cadre d’une approche globale pour une gestion plus efficace des ports, permettant de décongestionner les infrastructures existantes et optimiser les opérations logistiques.
Le ministre des Transports a affirmé que le président de la République a décidé de mettre les ports secs à la disposition des ports relevant de l’Etat pour leur exploitation, soulignant que cette décision fait suite à une étude approfondie sur la réutilisation optimale de ces installations, dont la première phase a déjà concerné les ports de Skikda, Béjaïa et Alger.
Le port de Béjaïa a été le premier à bénéficier de cette nouvelle stratégie. Le 12 février dernier, le ministère des Finances a délivré une autorisation permettant l’exploitation du port sec de Tekstar, situé dans la commune de Bordj Bou Arréridj. D’une superficie de 55 hectares, ce port sec, situé à 20 km de Bordj Bou Arréridj et à 30 km de Sétif, a été équipé en matériel et devrait être inauguré «dans les prochains jours», selon le ministre. Il servira de centre de dédouanement, contribuant ainsi à alléger la pression sur le port de Béjaïa et à fluidifier le trafic commercial.
Pour les ports de Skikda et d’Alger, les services du ministère des Finances ont donné leur accord de principe pour l’exploitation des ports secs, selon le ministre. Les autorisations nécessaires sont en cours d’obtention, en vue d’une généralisation de l’opération à l’ensemble des ports du pays.
Une modernisation globale des infrastructures portuaires
Au-delà de l’exploitation des ports secs, le gouvernement a engagé un vaste programme de modernisation et d’extension des infrastructures portuaires. Des investissements massifs ont été réalisés, notamment la réhabilitation de quais et l’augmentation de la capacité d’accueil des navires.
Ce qui est le cas pour le port de Djen Djen dans la wilaya de Jijel qui connaît la construction d’un échangeur à conteneurs sur un quai de 320 mètres de long et de 17 mètres de profondeur, qui permettra de recevoir des navires transportant jusqu’à 18 000 conteneurs. Même projet d’extension dans le port d’Annaba, qui comprend la construction d’un nouveau terminal minéralier d’une longueur de 1600 mètres et d’un tirant d’eau de 16 mètres, permettant d’augmenter les capacités d’accueil et, surtout, de recevoir des navires à gros tonnage.
Cette démarche s’accompagne de la création de nouveaux emplois et de l’intégration de technologies de pointe pour améliorer l’efficacité des opérations. Le ministre des Transports a souligné que ces mesures s’inscrivent dans une vision à long terme visant à faire des ports algériens des hubs logistiques compétitifs à l’échelle régionale. L’objectif est de réduire les délais de passage portuaire des marchandises importées et d’améliorer la fluidité du trafic commercial.
Force est de constater que la décongestion des ports et la modernisation des infrastructures logistiques constituent une réponse aux défis actuels auxquels fait face l’Algérie. Avec l’augmentation des volumes de marchandises transitant par ses ports, le pays doit adapter ses capacités pour éviter les retards et les surcoûts liés à l’encombrement.
En misant sur les ports secs, l’Algérie adopte une solution éprouvée dans de nombreux pays pour optimiser la chaîne logistique. Ces installations permettent de stocker temporairement les marchandises, de faciliter les opérations de dédouanement et de réduire la pression sur les ports maritimes.